Zoom c’est le nouvel album de Rachid Taha, le 9ème d’une carrière en solo débutée dans les années 90 après avoir quitté le groupe Carte de Séjour.
Zoom, c’est surtout un retour en force qui remet au premier plan le chanteur algérien. Enregistré entre Paris et les studios Real World en Angleterre, avec Justin Adams (Juju, Triaboliques, Robert Plant) à la production, Zoom a reçu de nombreuses et prestigieuses contributions dont celle de l’ancien Clash Mick Jones, de Brian Eno, de Rodolphe Burger, de la chanteuse de Raï Cheba Fadela, et de Jeanne Added pour une reprise en duo mêlant anglais et arabe de Now Or Never, standard romantique d’Elvis Presley lui-même adapté du célèbre O Sole Mio. Car Zoom c’est aussi la continuation du voyage entrepris de longue date par cet éternel Sinbad qui n’a jamais cessé de construire sa propre mythologie en mariant guitare électrique et oud arabe, Bo Diddley beat et rythmes du bled, posture rebelle et imaginaire oriental, sables du Sahara et du Nouveau Mexique. Apothéose de cette longue quête d’une identité qui lui ressemble, lui l’apatride toujours entre deux appartenances et deux langues, Rachid célèbre sur Zoom les noces posthumes de deux héros de jeunesse, Elvis et Oum Kalsoum, Roi du Rock (de Memphis Tennessee) et Quatrième Pyramide d’Egypte ! A cette dernière il rend un bel hommage en français avec Zoom sur Oum dont le texte a été écrit par Jean Fauque, parolier de son ami Alain Bashung. Zoom c’est enfin le retour de Rachid Taha, artiste complet qui fait de la politique dans ses chansons comme Bertold Brecht en faisait dans son théâtre, conscient de deux missions indissociables : distraire et alerter les consciences. Ainsi son évocation d’un printemps arabe sans fleur dans Lioum Ana et cette nouvelle version de son célèbre Voilà Voilà, enregistré il y a 20 ans, qui nous rappelle qu’aujourd’hui « la parole raciste est de plus en plus libérée » dans notre pays*.