Depuis quelques années, le zoo d’Abidjan – unique parc zoologique de Côte d’Ivoire – doit faire face à une triste situation : par manque d’argent, ses animaux dépérissent et ses infrastructures tombent en désuétude. Zoom sur une Arche de Noé à la dérive.
» Sur la route du zoo… « . Voilà un endroit bien connu des Abidjanais. Pourtant, on passe devant le Parc zoologique d’Abidjan sans s’y arrêter. Tombant en décrépitude depuis quelques années, les jeunes Ivoiriens n’y trouvent plus aucun intérêt. » Il faut redonner vie à ce parc « , clame l’un de ses principaux animateurs, Anatole Gueye Grah. Dès son arrivée en 1998, il constate l’inéluctable : le zoo se vide de ses animaux.
Situation terrible, on l’aura compris, pour un espace voué tout entier au règne animal. » Le parc souffre des difficultés économiques du pays « , explique M. Gueye Grah. En effet, le zoo, sous-tutelle du ministère des Eaux et Forêts, fonctionne avec le maigre budget que lui alloue l’Etat. Budget dans lequel sont inclues les recettes du parc.
Or, depuis deux ans, le prix du ticket d’entrée est resté le même alors que le prix des denrées alimentaires et des médicaments n’a fait qu’augmenter. » Nous avons de plus en plus de mal à nourrir nos animaux « , regrette Anatole, » et nous les voyons périr, faute de médicaments. Pour nous, qui vivons avec eux, c’est très dur car ils sont comme nos enfants. »
Elan de solidarité
Avec ses 3000 visiteurs par an, le zoo a du mal à joindre les deux bouts. » Par rapport à nos idées, à nos projets, l’Etat ne nous donne pas assez. Il faut que nous trouvions d’autres moyens. Des financements privés, des aides « , explique Anatole, dont la voix s’éclaire à l’évocation d’un élan de solidarité. » Des élèves d’une école américaine d’Abidjan se sont mobilisés et ont récolté 67 000 FCFA pour le zoo. Il nous faudrait d’autres actions de ce genre. » Car si les enfants sont bien les visiteurs les plus assidus et les plus réguliers du parc, M. Gueye Grah compte sur le fait qu’ils poussent leurs parents à aller au parc.
Pour cela, il faut les faire rêver. » Nous devons procéder à des captures pour améliorer la population animale « , explique Anatole. Lorsqu’un animal meurt, il ne peut être remplacé, faute de moyens. Aujourd’hui, le zoo compte 53 espèces environ et 345 têtes. Il y en avait 400 en 1998. Toutes les espèces rares sont mortes, même la seule panthère qui faisait encore la fierté du parc.
Le parc a des défenseurs
Manque de personnel, de matériel… la solution serait d’augmenter le prix du billet qui coûte pour l’instant 400 FCFA (4 FF), 300 pour les militaires et les étudiants, 200 pour les enfants. Un coordinateur à la Protection de la nature tempère les propos alarmistes de l’animateur du parc. » La situation n’est pas si catastrophique. Il y a encore beaucoup d’animaux. Il faut simplement moderniser l’équipement. Nous voulons acheter des cages et des clôtures neuves. Comme chaque année, au moment de faire notre budget, nous demandons un peu plus et nous espérons avoir prochainement le financement nécessaire. »
Une abidjanaise, habitant proche du parc, défend elle aussi le zoo : » J’y vais régulièrement avec mes petits-enfants et ce que j’y vois n’est pas si mal. Toutes les races d’animaux sont représentées. Le problème c’est que l’espace n’est pas assez grand et qu’il faut remettre les structures du parc en état. Le ministre (des Eaux et Forêts, Ndlr)s’est rendu sur place et je suis sûre qu’il va faire quelque-chose « . Animaux et responsables du parc attendent le Noé qui remettra leur Arche à flot.