Zone de libre-échange : l’Afrique au secours des États-Unis ?


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Carte d'Afrique

Alors que les USA souhaitent remplacer leur programme d’aide publique vers l’Afrique par des échanges commerciaux, la création de la Zone de libre échange continentale (ZLEC) vient à point nommé pour avancer sur cette voie.

Dans son article, Alexander Hammond, explique que la ZLEC va faciliter les échanges entre les USA et l’Afrique et que les deux zones ont des intérêts en terme de création de richesse. Le commerce à la place de l’aide, c’est un chemin plus digne pour l’Afrique. Cette accroissement de la liberté économique ouvre de beaux horizons.

continent le plus pauvre du monde est sur le point de donner un coup de main aux États-Unis. Récemment, l’Afrique a mis en place la plus grande zone de libre-échange du monde, ce qui est une excellente nouvelle pour la politique étrangère américaine. En décembre dernier, le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, a dévoilé un plan pour l’administration Trump intitulé Stratégie pour l’Afrique. Le plan est simple: les États-Unis accorderont moins d’aide à l’Afrique, préférant renforcer les «liens économiques entre l’Amérique et la région». Maintenant que de nombreux pays africains se sont réunis dans un marché unique, les échanges commerciaux avec le continent deviendront beaucoup plus faciles. Un accord commercial entre les États-Unis et l’Afrique sera mutuellement bénéfique.

« Trade not aid »

L’accord commercial sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) est officiellement entré en vigueur le 30 mai, un mois après avoir atteint le seuil de vingt-deux nations requis pour son entrée en application. Désormais, les droits de douane sur 90% des biens échangés entre les États membres de la ZLEC seront supprimés. Une initiative qui, selon l’ONU, dynamisera le commerce intra-africain pour atteindre 52% en quelques années seulement. Compte tenu des nouveaux plans des États-Unis pour le continent, les États membres de la ZLEC ne sont pas les seuls à bénéficier des avantages d’un marché unique africain.

L’un des éléments clés de la stratégie pour l’Afrique de l’administration Trump est de faire progresser « le commerce américain et les relations commerciales avec l’Afrique » en créant « des accords commerciaux globaux modernes ». Avec un marché unique, l’Afrique serait un partenaire commercial beaucoup plus simple pour les États-Unis. À présent, un seul ensemble d’accords commerciaux devra être négocié avec la ZLEC, au lieu de cinquante-cinq accords commerciaux complexes conclus avec chaque petite économie africaine. Le représentant des États-Unis pour le commerce a même publié un rapport soulignant à quel point il est fastidieux et coûteux de négocier des accords commerciaux avec chaque pays africain. Les accords commerciaux étant des processus longs et coûteux. La création d’un accord commercial global avec la ZLEC permettra de faire des économies pour le gouvernement des États-Unis.

Comme le note Bolton, un autre objectif clé de la Stratégie pour l’Afrique est de créer un «échange réciproque plus étroit entre les États-Unis et les nations africaines». Si les cinquante-cinq nations africaines s’unissent dans le cadre de la ZLEC, c’est exactement ce que nous ferons. En fait, cela créera un marché avec un PIB de plus de 3 000 milliards de dollars, soit la cinquième économie du monde. Les entreprises américaines trouveront bientôt de formidables opportunités d’acheter des produits moins chers et de fabriquer leurs produits à un coût inférieur à celui qui aurait été possible sans libre-échange. Si les États-Unis importent leurs biens de faible valeur de l’Afrique plutôt que de les produire au pays, l’économie américaine peut alors se concentrer sur ce qu’elle produit le mieux: des biens et des services à haute valeur aoutée.

Rompre avec les accords commerciaux pervers

Si les États-Unis veulent vraiment donner suite à leur plan visant à aider l’économie africaine à prospérer, il est essentiel qu’un accord commercial entre les États-Unis et la ZLEC remplace les régimes commerciaux préférentiels américains existants, tels que la Loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique (AGOA). À l’heure actuelle, l’AGOA accorde aux pays africains en développement un accès en franchise de droits au marché américain pour certains produits, mais l’accord perd souvent son intérêt avec les nombreuses dérogations qui peuvent changer à tout moment, causant ainsi des ravages pour les industries nationales africaines dépendantes du régime commercial américain. L’année dernière, par exemple, les États-Unis ont modifié de façon inattendue les conditions de l’AGOA et suspendu la capacité du Rwanda à exporter des vêtements en franchise de droits, ce qui a porté préjudice à l’industrie textile rwandaise et mis en danger des centaines d’emplois (essentiellement des emplois féminins). S’éloigner de ces schémas commerciaux malveillants et adopter un accord plus équilibré avec des règles claires et stables contribuerait grandement à assurer la stabilité économique des pauvres en Afrique.

Jusqu’à présent, vingt-quatre des cinquante-cinq États membres africains ont ratifié la ZLEC et maintenant que la zone commerciale est opérationnelle, de nombreux autres pays africains devraient y adhérer au cours des prochains mois. À mesure que de plus en plus de pays rejoindront le marché unique africain, les avantages potentiels pour les deux parties de créer un accord commercial entre les États-Unis et la ZLEC ne feront que croître.

Alors que les États-Unis cherchent à développer leurs échanges commerciaux avec le continent le plus pauvre du monde, nous devrions tous nous féliciter du fait qu’une relation mutuellement bénéfique entre l’Amérique et l’Afrique pourrait enfin se profiler à l’horizon. Un accord commercial entre les États-Unis et la ZLEC renforcerait la prospérité de toutes les parties concernées et, dans le cas de l’Afrique, permettrait potentiellement à des millions de personnes parmi les plus pauvres du monde de sortir de la pauvreté extrême. Espérons que cet accord commercial sera bientôt mis en œuvre.

Alexander Hammond, chercheur au Washington D.C. think tank.

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