Ziyech défie Mohammed VI et prend les marocains à témoin


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Hakim Ziyech
Hakim Ziyech

Dans un geste sans précédent pour une star du football marocain, Hakim Ziyech s’est ouvertement opposé à la politique de normalisation avec Israël voulue par le roi Mohammed VI. Cette prise de position, qui intervient en pleine escalade du conflit israélo-palestinien, pourrait marquer la fin de sa carrière internationale.

L’absence remarquée de Ziyech lors des derniers matchs des Lions de l’Atlas face au Gabon et au Lesotho révèle les tensions grandissantes entre le joueur et les instances dirigeantes du football marocain. Si le sélectionneur Walid Regragui invoque publiquement un manque de temps de jeu à Galatasaray de son ailier, les sources proches de la Fédération royale marocaine de football évoquent aussi en coulisses l’inconfort créé par les déclarations du joueur sur la politique étrangère du royaume.

Dans une intervention calculée sur Galatasaray TV, Ziyech a choisi de contourner les canaux officiels pour s’adresser directement au peuple marocain : « Les Marocains m’aiment énormément, je ressens leur soutien, leurs encouragements et cela me remplit de fierté et d’honneur d’appartenir à ce pays et à ce grand peuple. » Un message qui résonne comme un appel au soutien populaire face aux pressions institutionnelles, et qui traduit la profondeur du fossé qui s’est creusé entre le joueur et les autorités.

Un avenir sportif compromis

Cette prise de position intervient, en effet, alors que le Maroc poursuit sa stratégie de rapprochement avec Israël, initiée par les accords d’Abraham. Une politique qui, malgré ses retombées économiques et diplomatiques, suscite une opposition croissante au sein de la population marocaine, particulièrement depuis l’intensification des violences à Gaza.

L’accueil au port de Tanger Med de navires transportant du matériel militaire à destination d’Israël semble avoir été la goutte d’eau de trop pour Ziyech. L’attaquant international ne pouvait rester silencieux face au rapprochement entre Netanyahou et Mohammed VI qui abandonnait le soutien historique au peuple palestinien, ce qui a déclenché son message polémique la semaine dernière, lors du match entre l’Ajax d’Amsterdam et le Macabi Tel-Aviv. Aujourd’hui, Ziyech prend le peuple marocain a témoin pour tenter de faire plier le gouvernement marocain.

Les répercussions de cette confrontation dépassent largement le cadre politique. À 31 ans, l’ailier voit sa carrière internationale sérieusement menacée. Sa situation en club se dégrade également : à Galatasaray, les tensions avec l’entraîneur Okan Buruk s’accumulent, réduisant significativement son temps de jeu. Un transfert vers le Qatar, notamment vers le club d’Al-Arabi, se dessine comme une probable porte de sortie, à condition de parvenir à une résiliation de son contrat actuel.

En devenant le porte-voix d’une frange importante de la population marocaine hostile à la normalisation avec Israël, le joueur s’est transformé en symbole politique. Sa notoriété et son statut d’icône du football marocain donnent à sa contestation une résonance particulière, défiant directement les orientations diplomatiques du monarque.

Dans un pays où le sport, et particulièrement le football, a toujours été étroitement lié au pouvoir royal, la fronde de Ziyech marque une rupture. Elle témoigne de l’émergence d’une nouvelle génération de sportifs marocains, prête à utiliser sa notoriété pour exprimer des positions politiques divergentes, quitte à en payer le prix fort sur le plan professionnel.

Pour l’instant, ni la fédération ni le palais royal n’ont réagi officiellement aux déclarations du joueur.

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