Zimbabwe : un pasteur infecté par le VIH révèle sa séropositivité


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Le révérend Maxwell Kapachawo est le seul pasteur connu à avoir publiquement admis être infecté par le VIH. Il encourage aussi ses pairs infectés ou affectés par la maladie à parler ouvertement du VIH/SIDA.

Les Eglises du Zimbabwe ont tendance à appréhender le problème du VIH/SIDA comme une question morale, a indiqué M. Kapachawo, et elles traitent les personnes infectées comme des personnes ayant commis des fautes immorales ; pourtant, l’épidémie qui affecte un Zimbabwéen sur cinq, dans la tranche d’âge des 15-49 ans, devrait plutôt être traitée comme un problème de santé.

L’ironie du sort réside dans le fait que de nombreuses organisations religieuses sont impliquées dans des programmes pour les orphelins rendus vulnérables par le sida, alors que dans les couloirs des églises, l’évocation même de l’épidémie reste un sujet tabou.

« Notre mission en tant que chefs religieux qui vivent ou sont affectés par cette maladie est de briser le silence autour du VIH et de le prendre positivement, afin d’en finir avec la stigmatisation, le déni et la honte, et de constituer aussi les forces du changement dans nos congrégations et nos communautés », a-t-il dit.

M. Kapachawo est le coordinateur national de la Zimbabwe network of religious leaders living with or personnaly affected by HIV/AIDS (ZINERELA), qui supporte les leaders religieux qui vivent avec le VIH ou qui ont perdu une personne de leur entourage qui leur était chère.

Pour combattre la stigmatisation parmi les responsables religieux, M. Kapachawo utilise la radio ou la télévision afin de diffuser le plus largement son message. « Faisons de nos églises des chaînes de l’espoir, de tolérance et d’amour. Et je suis fier de faire ma part du travail », affirme-t-il dans une publicité.

« Les institutions religieuses sont très puissantes au Zimbabwe ; la plupart des habitants appartiennent à des organisations religieuses, et nous pouvons les utiliser comme relais afin de relayer notre message dans la lutte contre le VIH/SIDA », a affirmé à IRIN/PlusNews M. Kapachawo.

« Malheureusement au Zimbabwe, à l’heure actuelle, personne ne parle du VIH/SIDA alors que les problèmes liés à l’infidélité, à la précarité et à la sexualité ne cessent d’augmenter ».

Excommunié

M. Kapachawo a été dépisté positif au VIH/SIDA en 2004, et c’est à ce moment qu’il a été confronté à l’attitude de l’Eglise face à la maladie ; les cercles religieux considèrent en effet la maladie comme la conséquence d’actes immoraux.

Avant qu’il ait été dépisté positif, l’évêque de l’église soupçonnait déjà M. Kapachawo de souffrir de maladies opportunistes liées au sida ; aussi l’avait-il renvoyé de sa congrégation pour qu’il aille vivre chez ses parents.

« Pour moi, ce fût comme une mise à mort car, en tant que père spirituel, j’attendais de la part de mon évêque un soutien pour cette dure période qui se profilait à l’horizon. Mais il ne m’a plus jamais rendu visite », a-t-il souligné.

Cela faisait trois ans que M. Kapachawo luttait contre les maladies opportunistes, telles que les infections fongiques, jusqu’à ce qu’il se décide un jour à participer à un atelier sur le VIH/SIDA. « J’ai été surpris de voir à quel point les gens paraissaient forts et en bonne santé, affirmant qu’ils vivaient du mieux possible leur maladie. Je me suis astreint à y retourner et à me déclarer publiquement, afin de combattre la stigmatisation qui règne dans nos institutions religieuses », a-t-il expliqué.

Il a indiqué que l’on peut illustrer la prégnance de la stigmatisation dans les églises par le fait que parmi les 181 membres de la ZINERELA, il a été le seul à avoir déclaré publiquement sa séropositivité.

« En tant que groupe de soutien, nous n’obligeons pas nos membres à révéler leur statut sérologique, même si à la suite de nos réunions, nous nous rendons bien compte de ceux qui sont touchés par la maladie. Les principales interrogations que nous rencontrons parmi nos membres sur la possibilité de vivre dignement avec sa maladie portent sur les réactions possibles de la part de leurs supérieurs s’ils déclarent leur séropositivité ».

Combattre la stigmatisation

La stigmatisation parmi les leaders religieux infectés par le VIH est très répandue, a-t-il dit, ce qui n’est pourtant pas le cas dans la plupart des autres pays du continent.

« ZINERELA fait partie du réseau régional de coordination pour l’Afrique du Sud, et pour tout le continent africain. Nous admirons beaucoup nos collègues du Kenya et d’Ouganda touchés par le VIH/SIDA qui sont vraiment soutenus par leurs congrégations et par les responsables religieux. Certaines églises ont mis en place des programmes de soutien pour ces personnes afin qu’elles aient accès aux ARV [antirétroviraux] », a-t-il dit.

La mise en place du réseau des responsables religieux qui vivent ou sont touchés par le VIH/SIDA a été initiée par Gideaon Byamugisha, un prêtre anglican d’Ouganda, considéré comme le premier leader religieux à avoir déclaré publiquement sont statut sérologique. M. Byamugisha vit avec le VIH/SIDA depuis maintenant 15 ans.

Même si M. Kapachawo a indiqué que son organisation recevait des fonds de la part d’organisations religieuses, il a cependant souligné que ces ressources n’étaient pas suffisantes pour atteindre les hommes et les femmes qui habitaient dans les zones les plus reculées.

« Jusqu’ici, nous ne sommes parvenus qu’à construire des structures dans quatre de nos 10 provinces, celles de Masvingo, Mashonaland Ouest, Mashonaland Est et Manicaland. Nous n’avons pas de véhicules qui nous permettraient de rendre visite à nos collègues, et j’ai demandé à avoir recours aux transports publics, mais ils ne sont pas disponibles ».

« Etre un pasteur est une vocation qui demande une implication de tous les instants, 24 heures par jour, alors que nous ne sommes même pas rétribués pour notre engagement ; aussi nos membres n’ont-ils même pas les moyens de s’acheter des traitements ARV », a-t-il regretté.

M. Kapachawo a indiqué que l’idéal serait que tous les membres qui ont besoin de traitements aient accès aux ARV, mais l’état des fonds rend cette perspective peu probable. « La plupart du temps, les membres infectés par le VIH/SIDA sont redirigés vers d’autres organismes de soutien, afin qu’ils puissent bénéficier de ces traitements ».

Photo: IRIN / Affiche de campagne publicitaire du révérend Maxwell Kapachawo

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