La Présidentielle du 31 juillet 2013 au Zimbabwe a rendu un verdict très contesté. Le Président Robert Mugabe a été reconduit au pouvoir dès le premier tour, avec 61% des voix. Des chiffres contestés par l’opposition symbolisé par Tsvangirai, l’Occident, voire certains membres de la Commission électorale. Contre toute attente Morgan Tsvangirai a décidé de renoncer à toute manifestation et envisage une voie légale pour contester le résultat. Une décision qui mérite le salut, dans ce pays où les violences post-électorales restent très fréquentes.
Après l’annonce de la victoire de la Zanu-PF, le mouvement du Président Robert Mugabe, par la Commission électorale zimbabwéenne (Zec), aussitôt le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti du Premier ministre Morgan Tsvangirai, a formellement contesté le résultat. Ce qui laissait présager de nouveaux affrontements entre les deux camps. Mais Tsvangirai a décidément surpris tout le monde en annonçant qu’il allait demander l’arbitrage de la justice, plutôt que d’appeler ses partisans à descendre dans la rue et en découdre avec les pro-Mugabe. Une décision saluée par la Communauté internationale qui critique vivement la réélection de l’octogénaire accusé d’avoir organisé un hold-up électoral.
Au nom des Zimbabwéens
Nombreux Zimbabwéens ont en image les violences post-électorales survenues en 2008. A l’époque, les violences entre les différentes antagonistes ont fait plusieurs centaines de morts, et des dégâts matériels importants. Morgan Tsvangirai avait alors renoncé à se présenter au second tour de la Présidentielle, préférant garantir la paix à ses partisans, et à la population zimbabwéenne. Cinq ans plus tard, le Zimbabwe se retrouve confronté à la même situation. Mais cette fois-ci, le MDC a préféré anticiper au nom de la paix au Zimbabwe. La contestation des résultats se fera par voie légale. Les critiques du MDC sont d’autant plus crédibles, car certains observateurs constatent des irrégularités du scrutin, notamment par des listes électorales truquées. Le candidat malheureux préfère user de « tous les moyens légaux » pour contester ces résultats plutôt que d’appeler à la violence. Pour la même occasion, le MDC a annoncé qu’il ne participera à aucun gouvernement issu de ce qu’il nomme une « élection fraudeuse ». L’ancien Premier ministre réclame la tenue d’un nouveau vote pour rectifier « cette élection fraudeuse et volée » qui « plonge le Zimbabwe dans une crise constitutionnelle, politique et économique ». Dès le début de la campagne, Tsvangirai avait contesté la non-conformité de l’organisation du scrutin, mais avait préféré ne pas boycotter les élections. Il dispose de sept jours pour formuler son recours devant la Cour constitutionnelle.
Tsvangirai candidat pour la paix?
Morgan Tsvangirai plaide pour la paix au Zimbabwe, et l’union nationale. Il se dit ne pas regretter son choix de participer à l’exercice du pouvoir depuis 2009, en étant Premier ministre au sein d’un gouvernement d’union nationale. « Notre participation a sauvé le pays. Les écoles étaient fermées, les hôpitaux aussi. On utilisait un dollar zimbabwéen qui ne valait plus rien. Il n’y avait plus rien à acheter dans les magasins et tout le monde était désespéré », a déclaré l’ex-Premier ministre, affirmant en même temps que le temps de la cohabitation relève du passé.
Les démissions de deux membres de la Commission électorale, dénonçant des doutes quant à l’intégrité des résultats partiels donnant Mugabe vainqueur loin devant son adversaire, donnent raison au Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Et la décision prise par le MDC semble être la bonne pour garantir la paix au Zimbabwe, ce qui paradoxalement, n’empêchera pas Robert Mugabe, d’enchaîner un septième mandat présidentiel depuis 1980, malgré les menaces d’isolement politique qui pèsent sur lui. Mais comme déclare le politologue Blessing Vava : « Mugabe s’en moque, car les organisations régionales, la SADC (Afrique australe) et l’Union africaine ont dit OK. Il n’y a pas eu de violence, c’est la bonne nouvelle de ces élections et ceux qui contestent doivent maintenant donner des preuves concrètes de ce qu’ils avancent ».
A Tsvangirai de démontrer des preuves d’honnêteté, après avoir fait gage de défenseur de l’union nationale.