Le chef de l’Etat Robert Mugabe et l’opposant Morgan Tsvangirai se sont engagés lundi soir, à Harare, à former un gouvernement d’union nationale. L’accord-cadre conclu, afin d’entamer des pourparlers, pourrait permettre au Zimbabwe de sortir de la crise politique qu’elle traverse depuis les élections présidentielles du 27 mars et le second tour controversé du 27 juin.
Le choix du compromis pour amorcer le dialogue. Le président zimbabwéen Robert Mugabe et le chef de l’opposition, le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) Morgan Tsvangirai, ont signé lundi soir un accord-cadre de négociations pour sortir le pays de la crise. Le Zimbabwe est plongé dans une grave impasse politique depuis les élections du 27 mars, remportées par le MDC. Le second tour du 27 juin, organisé dans un climat de violence et de répression des opposants, a ensuite permis à Robert Mugabe de maintenir son pouvoir.
Deux semaines pour former un « gouvernement de guérison nationale »
L’accord conclu à Harare, en présence du président sud-africain Thabo Mbeki qui assure la médiation dans le conflit zimbabwéen, prévoit la formation d’un gouvernement union nationale, baptisé par l’opposition « gouvernement de guérison nationale ». Le document paraphé fixe un délai de deux semaines au Zanu-PF, le parti au pouvoir, et au MDC pour y parvenir. Le président Robert Mugabe a estimé que l’accord « traçait une nouvelle voie d’interaction politique ». Morgan Tsvangirai considère pour sa part que « ne pas trouver de solution n’est pas une option ».
Les deux leaders politiques, qui ne s’étaient pas rencontrés depuis 1998, ont fait des concessions. Elles apparaissent plus importantes du côte de l’opposition. Morgan Tsvangirai avait refusé de fixer un cadre à des futures négociations s’il n’obtenait pas auparavant l’arrêt des violences contre ses partisans. Selon le MDC, plus de 120 d’entre eux ont été tués, notamment entre les deux tours des présidentielles. Morgan Tsvangirai avait également réclamé la libération des opposants emprisonnés.
Les Nations unies rendent hommage à Thabo Mbeki
Robert Mugabe avait, quant à lui, exigé la fin des sanctions internationales prises contre lui et son entourage. La Chine et la Russie se sont opposées au vote de nouvelles sanctions contre le Zimbabwe par le Conseil de sécurité le 11 juillet, au grand dam du président américain George Bush. Longtemps réfractaire à toute forme de partage de pouvoir, comme l’a invité récemment le sommet de l’Union africaine (l’UA), le Zanu-PF, semble-t-il soulagé, a fini par céder au compromis d’un gouvernement ouvert à l’opposition.
L’UA et les Nations Unies ont exprimé leur satisfaction à la suite de la signature de cet accord. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), le Gabonais Jean Ping, « félicite les parties au Zimbabwe et les appelle à mettre à profit ce
développement positif et à avancer dans le sens d’une solution durable et consensuelle », indique un communiqué.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, par la voix de sa porte-parole Michèle Montas, a également salué « les efforts du président Thabo Mbeki ». Maintes fois appelé par l’opposition zimbabwéenne à seconder un président sud-africain, jugé partisan, les Nations unies ont également annoncé qu’un groupe de référence soutiendrait la médiation.
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