C’est une victoire pour Morgan Tsvangirai. Le leader de l’opposition zimbabwéenne est devenu, mercredi, Premier ministre. Depuis l’élection contestée du président Robert Mugabe, en juin 2008, les deux hommes peinaient à trouver un accord de partage du pouvoir. Cette impasse politique a précipité l’effondrement de l’économie dans un pays où la moitié de la population est menacée de famine.
Après des mois de contestation, Morgan Tsvangirai rentre enfin au gouvernement. Le leader de l’opposition est devenu, mercredi, Premier ministre, lors d’une cérémonie au siège de la présidence à Harare. « Moi, Morgan Richard Tsvangirai, jure de servir au mieux le Zimbabwe dans (mes) fonctions », a déclaré le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) devant son ennemi de toujours, le président Robert Mugabe. Dans la foulée, les deux vice-Premiers ministres, le chef d’une faction dissidente du MDC, Arthur Mutambara, et la vice-présidente du MDC, Thokozani Khupe, ont prêté serment.
Peu après l’allocution de Morgan Tsvangirai, M. Mugabe a promis de coopérer avec son nouveau Premier ministre. « Je tends la main de l’amitié et de la coopération, une coopération chaleureuse et solidaire au service de notre grand pays, le Zimbabwe », a-t-il déclaré dans un discours. « Si hier nous étions des adversaires (…), aujourd’hui nous nous tenons unis. C’est une victoire pour le Zimbabwe », a poursuivi le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1980.
Un pays dévasté
Il aura fallu attendre que la crise politique ébranle l’économie pour que le chef de l’Etat daigne enfin concéder le poste de Premier ministre à Morgan Tsvangirai. Cette nomination ne correspond pas à un acte altruiste de la part de Robert Mugabe, qui a toujours souhaité garder jalousement le pouvoir.
Chronologie des événements :
11 février 2009 : Tsvangirai prête serment comme Premier ministre |
Le leader de l’opposition a reçu, des mains du président, un cadeau empoisonné. Le Premier ministre et le gouvernement d’union, qui doit être formé vendredi, en vertu de l’accord signé le 15 septembre dernier, auront pour lourde tâche de sortir le pays de la crise. Au Zimbabwe, plus de la moitié de la population est menacée de famine et le délabrement des infrastructures sanitaires a généré une épidémie de choléra qui a tué 3400 personnes. L’hyperinflation défie également l’entendement, vidant monnaie nationale, salaires et revenus de toute substance.
Cet accord tant attendu, signé entre les deux hommes, vise à sortir le pays de l’ impasse politique née de la défaite du régime aux élections générales de mars 2008, qui a précipité l’effondrement de l’économie. Morgan Tsvangirai avait remporté le premier tour de l’élection présidentielle le 29 mars 2008 mais renoncé à se présenter au second tour, le 27 juin, en raison du climat de violences politiques.
Même si le leader de l’opposition a réussi à s’imposer, le plus dur reste à venir. Morgan Tsvangirai devra sortir le Zimbabwe du marasme économique et sanitaire…