Élections législatives s’annoncent tendues en avril, après la victoire du « non » au référendum du mois de février
Les élections législatives d’avril au Zimbabwe sont placées sous le signe de la tension, après le cuisant revers qu’a essuyé l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF), le parti du Président Mugabe, lors du référendum du mois de février. Le scrutin a été marqué par de nombreux incidents et des arrestations d’opposants.
Au pouvoir depuis les élections de 1980 qui ont mis fin au régime de la minorité blanche, ce héros de la guerre d’indépendance est de plus en plus contesté, entre autre pour sa politique économique et la corruption des cadres du régime. La constitution sur mesure qu’il a tenté en vain de faire valider par les urnes tendait à renouer avec le vieux conflit qui l’oppose à la minorité blanche (80 000 personnes sur 12 millions d’habitants). Et tout particulièrement, avec les 4000 grands propriétaires qui détiennent les meilleures terres. Le projet de nouvelle Constitution permettait l’expropriation des Blancs sans indemnisations.
Avec plus de 56% de « non », l’opposition semble avoir réussi à convaincre les électeurs que le gouvernement utilisait la question raciale pour détourner l’attention d’un bilan économique désastreux. Le pays traverse en effet sa plus grave crise économique depuis 1980. Aux pénuries de carburant viennent s’ajouter une inflation estimée à 32% en 1998, ainsi qu’un chômage endémique qui touche près d’un actif sur deux.
Mais l’opposition divisée en nombreux petits partis devra compter sur un scrutin majoritaire au premier tour, favorable à la ZANU-PF. Selon l’analyste à l’Institut d’études de sécurité d’Afrique du sud, Fiona Lortan, citée par l’AFP, ce dernier peut compter sur ses ressources financières, la mobilisation des ruraux qui lui sont plus favorables, ainsi que la presse d’État. D’autant qu’il est plus facile de voter « non » dans un vote symbolique contre le gouvernement et les difficultés économiques actuelles, mais voter en faveur de l’opposition constitue un grand pas de plus. Et cela ne va pas arriver maintenant », a estimé l’expert.
A moins que le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) emmené par son leader, Morgan Tsvangirai, principal rival du Président, ne réussisse à imposer des candidats uniques. Ce dont nombre d’observateurs et diplomates doutent ouvertement.