La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) n’entend pas faire pression sur le régime de Robert Mugabe qui s’attaque ouvertement, ces dernières semaines, aux membres de l’opposition zimbabwéenne. Morgan Tsvangirai, le principal opposant a encore été arrêté, mercredi, puis libéré dans la journée.
Le sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui s’est ouvert ce jeudi à Dar-es-Salaam (Tanzanie), ne fera pas « pression » sur Robert Mugabe, le président zimbabwéen, présent à cette rencontre. « Pression ? Nous sommes dans une réunion, il ne s’agit pas de pression », a déclaré le chef de l’Etat tanzanien, Jakaya Kikwete, qui assure la présidence du sommet convoqué expressément pour discuter de la crise zimbabwénne. Les membres de l’opposition dans ce pays font l’objet, depuis quelques semaines, d’une vague d’arrestations orchestrée par le régime de Robert Mugabe. Alors que ce dernier se rendait mercredi en Tanzanie, la police faisait une descente, dans la capitale Harare, au siège du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition. Une opération pendant laquelle le leader de ce parti, Morgan Tsvangirai, a été de nouveau interpellé puis, selon Amnesty International, libéré dans la journée.
L’arrestation avait été démentie, mercredi soir, par la police zimbabwéenne qui a seulement reconnu avoir interpellé dix militants du MDC. Amnesty International avait invité, quelques heures plus tôt , les chefs d’Etat de la SADC à réagir. « Les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe réunis en Tanzanie doivent à présent adresser un message sans équivoque au gouvernement zimbabwéen, lui faisant savoir que les atteintes aux droits humains dans ce pays ne seront plus tolérée.», a déclaré Kolawole Olaniyan, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.
Avec Mugabe, la SADC préfère recourir au dialogue
C’est la deuxième arrestation dont Morgan Tsvangirai fait l’objet en l’intervalle de quelques jours. Début mars, le leader du MDC avait été arrêté et battu par la police à la suite d’une manifestation interdite par le pouvoir. Son interpellation lui avait valu un séjour à l’hôpital. L’oppression politique au Zimbabwe est montée d’un cran sans que la sérénité de Robert Mugabe ne semble avoir été ébranlée, en dépit de la condamnation unanime dont son régime fait l’objet ces dernières semaines. C’est d’ailleurs le poing levé, geste qui renvoie à son combat pour l’indépendance de son pays, qu’il a salué la presse à son arrivée à Dar-es-Salaam.
« Je crois qu’au travers de discussions franches et ouvertes, nous serons capables de diagnostiquer correctement les problèmes politiques et de sécurité de notre région » et de « les traiter », a affirmé Jakaya Kikwete. Les quatorze Etats d’Afrique australe, qui n’ont jusqu’ici pas fait savoir leur opinion sur la politique d’oppression de Robert Mugabe, semblent compter sur le dialogue pour le ramener à la raison. Une démarche qui sonne comme un vœu pieux et qu’Amnesty International a déjà épinglé mercredi. « En optant, a dit Kolawole Olaniyan, pour une diplomatie discrète, les dirigeants africains ont laissé le gouvernement zimbabwéen opérer en dehors du cadre du droit international relatif aux droits humains – avec pour résultat de laisser sans protection les victimes d’atteintes aux droits humains. » De nombreux opposants sont actuellement détenus dans les geôles zimbabwéennes et n’ont eu droit ni à la visite d’avocats, ni de médecins ou de leurs familles.