Les membres du bureau politique de la ZANU-PFont, le parti au pouvoir, ont, lors d’une récente réunion du comité central, proposé que Robert Mugabe soit nommé président à vie et que des écoles idéologiques soient créées pour enseigner les principes et valeurs du parti dès le préscolaire.
Le rapport de la réunion du 30 mars dernier du comité central et du politburo de la ZANU-PF – les deux instances les plus puissantes du parti au pouvoir – présidées par le président Mugabe, a été adoptée le 4 mai. Le correspondant d’IRIN a réussi à s’en procurer une copie. Alors que le pays fait face à une situation économique catastrophique, caractérisée par un taux d’inflation supérieur à 4 000 pour cent, le président sud-africain Thabo Mbeki, chargé par la Communauté pour le développement de l’Afrique australe de trouver une issue à l’impasse politique au Zimbabwe, a reconnu en fin de semaine que des élections libres et justes seraient les meilleures voies pour une sortie de crise.
Mugabe, 83 ans, qui est au pouvoir depuis que le Zimbabwe a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne en 1980, a d’ores et déjà annoncé sa candidature pour les élections législatives et présidentielles de mars 2008. Le mouvement des femmes de la ZANU-PF, qui regroupe toutes les femmes membres du parti et les plus fidèles partisanes de M. Mugabe, battent déjà campagne pour que ce dernier soit nommé président à vie. Joseph Msika, le vice-président zimbabwéen, semblait être le seul participant à la réunion à s’opposer à cette proposition.
« M. Mugabe devrait être président à vie. Il n’y a pas de vacance de poste à la présidence », pouvait-on lire dans le rapport qui reprenait ainsi les propos d’Oppah Muchinguri, responsable du mouvement des femmes et ministre de la Femme, de la parité et du développement communautaire.
« Il n’y a pas d’offre d’emploi au sein de la présidence »
« Nous avons décidé de mobiliser toutes les jeunes femmes pour qu’elles adhèrent à notre mouvement, afin de renforcer le parti », a déclaré Mme Muchinguri lors de la réunion du comité central. En outre, a-t-elle suggéré, plutôt que d’octroyer les bourses présidentielles aux étudiants prometteurs, issus de milieux défavorisés, ces bourses devraient être attribuées aux enfants des inconditionnels du parti. Les bourses sont offertes aux étudiants pour leur permettre de poursuivre des études à l’Université de Fort Hare, en Afrique du Sud, l’université où M. Mugabe avait fait ses études avant de s’engager dans la vie politique.
Selon Absolom Sikhosana, responsable du mouvement des jeunes de la ZANUPF, des mesures radicales devraient être prises si le parti dirigeant restait au pouvoir. « Les jeunes se promettent d’accélérer la mise en place des projets de création de l’école idéologique du parti afin d’inculquer l’idéologie du parti, de faire connaître ses valeurs et ses principes à tous les niveaux de la hiérarchie et de les faire appliquer dès le préscolaire ».
Toutefois, un membre du comité central de la ZANU-PF a déclaré à IRIN : « Il est évident que les interventions des femmes et des jeunes ont été soigneusement orchestrées et que Mugabe en avait été informé ou qu’il était l’initiateur de la proposition appelant à le nommer président à vie ».
Alors que la réunion a débuté par un serment de fidélité au parti au pouvoir et à son président, tout porte à croire que les résolutions du comité central seront appliquées. John Nkomo, responsable national de la ZANU-PF, s’est refusé à tout commentaire concernant la proposition de nommer M. Mugabe président à vie.