Le second tour de l’élection présidentielle zimbabwéenne aura lieu le 27 juin prochain, soit cinq semaines après le délai initial. La décision des autorités électorales, prise vendredi, met l’opposition en colère. Elle exige un nouveau scrutin d’ici le 23 mai et réclame un sommet régional de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
La Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) a fait savoir, vendredi, que le second tour de l’élection présidentielle se tiendra le 27 juin prochain, indique Le Journal Officiel (pro-gouvernemental). Cette décision fait suite au changement, jeudi, de la loi électorale qui stipulait jusque là que le second tour de la présidentielle devait se dérouler dans les trois semaines suivant les résultats du premier tour. La ZEC n’a donné aucune explication à sa décision. L’opposition insiste pour qu’il se déroule pendant durant la période prévue initialement, soit au plus tard le 23 mai.
Selon les résultats officiels publiés le 2 mai, Morgan Tsvangirai, chef du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), est arrivé en tête du premier tour le 29 mars avec 47,9% contre 43,2% pour son rival. Mais il n’a pas obtenu la majorité absolue requise pour éviter un nouveau scrutin. Malgré les doutes, M. Tsvangirai, qui avait toujours revendiqué sa victoire totale aux élections, a récemment accepté d’affronter Robert Mugabe lors d’un second tour. A la condition que des observateurs internationaux soient présents pour garantir un scrutin « libre » et « équitable », ce que M. Mugabe refuse si les sanctions imposées au Zimbabwe par les pays occidentaux ne sont pas levées. Le nouveau report du scrutin vient donc ajouter de l’huile sur le feu.
Les violences au Zimbabwe se multiplient
Pour le gouvernement, ce délai supplémentaire est tout à fait « légal ». Faux pour l’opposition qui juge la décision du ZEC scandaleuse. « Nous, au MDC, souhaitons que l’élection soit organisée dans 21 jours et pas 90 », a déclaré le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa qui craint, comme beaucoup, une nouvelle vague de violences dans tout le pays. Des centaines de personnes ont été arrêtées et des milliers d’autres ont fui le pays. Un nouveau bilan, publié jeudi par le MDC fait état de 40 de ses militants tués. Amnesty a également dénoncé jeudi l’enrôlement de jeunes dans les milices pro-gouvernementales, qui terrorisent les villageois, ajoutant que « ceux qui refusent de participer à la violence sont frappés et accusés d’être eux-mêmes des partisans du MDC ».
Selon l’opposition, M. Mugabe envisagerait même « l’idée de déplacer plus de 500.000 personnes » pour ensuite convoquer le scrutin » auquel elles ne pourront participer. M. Tsvangirai réclame un sommet régional d’urgence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). « Le report du second tour indique clairement qu’ils veulent garder le pouvoir. Cela justifie le besoin d’un sommet d’urgence de la SADC », a déclaré Tendai Biti, secrétaire général du MDC. Pour le moment, la SADC envisage d’envoyer 200 ou 300 observateurs au second tour mais a exclu pour l’instant le déploiement d’une force de maintien de la paix comme réclamé par l’opposition.
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