Les carences du secteur de la santé au Zimbabwe ont été cruellement mises en lumière, la semaine dernière après que s’est présenté à son procès un Zimbabwéen. Le Zimbabwe souffre depuis plusieurs années du déclin de son secteur de santé qui fut longtemps envié.
De notre correspondante
Un zimbabwéen en attente d’un jugement pour avoir volé des moteurs de motos, s’est présenté au tribunal mercredi 24 novembre en tenant ses intestins protubérants dans un sac plastique. Il avait été blessé par la police lors d’un raid et détenu provisoirement pendant des mois.
Les autorités pénitentiaires, qui ont néanmoins gardé le criminel présumé en détention provisoire, assurent que l’homme a sollicité une aide médicale à deux reprises, mais qu’à chaque fois qu’il s’est présenté à l’hôpital, il n’y avait pas de médecin. Une anecdote révélatrice de la triste situation du secteur de la santé dans ce pays d’Afrique australe.
Après avoir été, pendant des années, en proie à de nombreuses grèves et vécu un exode de médecins et d’infirmières à la suite de la dégradation de la situation socio-économique du pays, le secteur de la santé du Zimbabwe n’est pas prêt de renaître de ses cendres, comme le signale un avertissement émis par l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Ce dernier indique que la situation humanitaire dans le pays d’Afrique australe reste fragile.
Prenant en considération des statistiques de l’année dernière révèlant que près de 10 000 infirmières zimbabwéennes ont travaillé en Grande-Bretagne, et qu’environ 80% des diplômés en médecine du pays ont été employés à l’étrangers, le rapport de l’ONU a indiqué que la vulnérabilité chronique du pays était «en grande partie une conséquence de la dégradation de l’infrastructure des services sociaux ».
Moins d’un poste de médecin sur quatre attribué
En effet, les statistiques du ministère de la santé de 2006 indiquent que moins d’un poste de médecin sur quatre est attribué, et que quatre hôpitaux de district sur cinq n’ont pas de médecins. Cette situation a contribué à une communication défaillante entre les centres de santé des zones rurales et ceux du district au cours de l’épidémie de choléra qui a frappé le pays en août 2008 et Juillet 2009. Ces carences ont directement conduit à plus de 100 000 infections et environ 5 000 décès.
Selon certains rapports, l’unité de soins intensifs de l’Hôpital central de Harare, la capitale du Zimbabwe a été fermée en 2003, tandis que celle pour les enfants l’a été en octobre 2008. Malgré le soutien des partenaires de santé, qui, a entre autres permis de contenir les épidémies dans le pays, le rapport de l’ONU affirme qu’«un investissement financier massif » est nécessaire, en particulier dans le « renforcement des infrastructures ».
Dans le même temps, des observateurs ont noté que l’annonce du ministre des Finances Tendai Biti la semaine dernière, affirmant que des efforts importants avaient été accomplis dans le budget 2011 pour la santé et les programmes de protection sociale des pauvres et des défavorisés, arrivait peut-être à un moment opportun.