
Dix ans ont passé depuis l’enlèvement forcé d’Itai Dzamara, journaliste et militant pro-démocratie zimbabwéen, et sa famille attend toujours des réponses. Le 9 mars 2015, cinq hommes l’ont enlevé alors qu’il se trouvait dans un salon de coiffure à Glen View, une banlieue de Harare.
Ils l’ont accusé à tort de vol de bétail, l’ont menotté et l’ont embarqué dans un véhicule aux plaques dissimulées. Depuis ce jour, il a disparu sans laisser de trace.
Une impunité qui perdure
Dès sa disparition, son épouse, Sheffra Dzamara, et des avocats spécialisés en droits humains ont multiplié les démarches pour obtenir des explications. La Haute Cour du Zimbabwe a exigé que les forces de sécurité mènent une enquête approfondie et transmettent des rapports réguliers. Pourtant, elles ont ignoré ces directives. Amnesty International dénonce cette inaction. L’institution rappelle que les autorités n’ont jamais ouvert d’investigation crédible sur l’enlèvement d’Itai Dzamara. Cette impunité alimente la crainte d’une répression systématique contre les voix dissidentes.
Un militant ciblé pour ses prises de position
Itai Dzamara s’opposait fermement au régime de Robert Mugabe. En tant que fondateur du mouvement « Occupy Africa Unity Square« , il appelait à manifester contre la dégradation économique et la mauvaise gouvernance. Deux jours avant son enlèvement, il avait pris la parole lors d’un rassemblement de l’opposition et incité la population à se mobiliser. Cet engagement lui a valu un harcèlement constant. La police l’a régulièrement frappé, les forces de l’ordre l’ont déjà enlevé une première fois en 2014 et des militants du parti au pouvoir, la ZANU-PF, l’ont violemment agressé dans leurs locaux.
Une répression toujours d’actualité
L’enlèvement d’Itai Dzamara s’inscrit dans une répression brutale qui cible les militants et opposants au Zimbabwe. Depuis son kidnapping, d’autres activistes ont subi le même sort : des enlèvements suivis de tortures ou d’assassinats. En 2023, des ravisseurs ont enlevé le militant Tapfumaneyi Masaya, qui a ensuite été retrouvé mort. Amnesty International alerte sur cette impunité, qui favorise la répétition des crimes et envoie un message glaçant aux défenseurs des droits humains.
Dix ans après, toujours l’espoir d’une justice
Malgré une décennie de silence et d’inaction des autorités, la famille d’Itai Dzamara et les organisations de défense des droits humains continuent de réclamer la vérité. Amnesty International presse le gouvernement zimbabwéen de mener une enquête sérieuse et de traduire les responsables en justice. À l’approche de cet anniversaire tragique, le cas Dzamara demeure un symbole de la lutte pour la liberté et la justice au Zimbabwe, un combat que personne ne pourra faire taire.