Le 21 novembre 2017, âgé de 93 ans, Robert Mugabe démissionnait de ses fonctions de président de la République du Zimbabwe après 37 ans de pouvoir sans partage. Il était depuis en résidence surveillée. Sa mort a été annoncée aujourd’hui.
Robert Mugabe a longtemps été le plus âgé des Présidents africains, étant même réélu à l’âge de 90 ans en 2013 pour un sixième mandat à la tête du Zimbabwe. « Je ne sais pas comment j’ai vécu aussi longtemps. C’est la volonté de Dieu », avait alors déclaré Mugabe qui a toujours évité la consommation de tabac et d’alcool.
« Hitler noir »
Robert Mugabe est né en 1924, en Rhodésie du Sud, dans un contexte de déchaînement de la violence raciale. Il part ensuite pour l’Afrique du Sud où il étudie dans l’université de Fort Hare, la même où Nelson Mandela et les dirigeants de l’ANC ont fait leurs premières armes. Il y découvre notamment le marxisme. Il devient enseignant et s’exile ensuite au Ghana où il est très marqué par la pensée panafricaniste de Kwame Nkrumah. Il retourne au pays et s’engage dans la lutte armée, soutenu par la Chine. Mais en 1964, Robert Mugabe est envoyé en prison. C’est l’occasion pour lui de passer au total sept diplômes par correspondance avec l’université de Londres.
Libéré en 1974, il se rend au Mozambique où il prend les rênes du parti ZANU-PF (Union africaine nationale au Zimbabwe, Front patriotique). Pendant les années de guerre, il est qualifié de « terroriste noir » par la presse britannique, et même d’ « Hitler noir ». En 2003, il en profitera alors pour affirmer : « Si le fait de me battre pour mon peuple fait de moi un Hitler, alors laissez-moi être dix fois Hitler », ce qui provoque l’ire des occidentaux.
Héros de l’indépendance
Lors de l’accession à l’indépendance en 1980, il entreprend de réconcilier son pays avec les anciens dirigeants rhodésiens blancs. Cela lui vaut l’admiration des Zimbabwéens et un certain succès à l’étranger.
Ses réussites en matière de programme de construction d’écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire sont saluées. Dans les années 2 000, il met en place des grandes réformes de redistribution des terres en faveur des paysans noirs, dont leurs applications peinent toutefois à voir le jour. Un siècle plus tôt, 4 500 fermiers blancs détenaient deux tiers des terres arables du pays tandis que sept millions de paysans noirs exploitaient un autre tiers. S’en suit alors une grave crise alimentaire.
Sa politique « d’indigénisation » lui assure un succès considérable. Il impose aux compagnies étrangères de mines de céder 51% des parts de leurs filiales implantées au Zimbabwe sous peine d’exclusion.
Les sanctions occidentales commencent alors à pleuvoir au Zimbabwe. La répression ne laisse aucune place à l’opposition et l’économie du pays s’effondre progressivement. « Pourquoi imposer des sanctions ? Pourquoi punir mon peuple ? C’est parce que ces impérialistes veulent l’héritage », lance à l’époque le Président Mugabe. Le pays fait face à une hyper-inflation de 231 millions %, le taux de chômage atteint 75% et les services sociaux et l’industrie se délitent.
Après les élections de 2013, il fait voter une nouvelle Constitution qui lui permet de rester au pouvoir jusqu’à 99 ans, mais en novembre 2017, il est amené à démissionner sous la pression populaire après avoir perdu le soutien de l’armée.