Zimbabwe : de quoi a peur le régime de Mnangagwa ?


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Emmerson Mnangagwa
Le Président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa

Le Zimbabwe a encore fait parler de lui aujourd’hui. Un simple rassemblement des militants du principal parti d’opposition, le MDC (Mouvement pour le changement démocratique), réunis pour écouter leur leader, a entraîné un déploiement spectaculaire des forces de sécurité chargées de les disperser. Tout porte à croire que le régime en place a peur. Mais de quoi ?

L’information a été relayée par l’AFP. Alors que les militants du MDC, après avoir essuyé le refus des autorités leur interdisant de se réunir sur une place publique de la capitale, se sont rabattus ce jour, mercredi 20 novembre 2019, sur la devanture du siège de leur parti afin d’écouter leur leader, Nelson Chimisa, qui voulait se prononcer sur l’état du pays, la police a investi les lieux. Munis de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de matraques, les policiers ont dispersé la foule de façon brutale.

Le bilan fait état de plusieurs blessés et de huit arrestations dont celle d’une mère qui portait son bébé de dix mois au dos, selon l’association des avocats du Zimbabwe pour les droits de l’Homme (ZLHR). « Nous condamnons, dans les termes les plus fermes, la brutalité de la police », a déclaré Daniel Molokele, porte-parole du parti. Nelson Chamisa va plus loin en déclarant : « Si la police se comporte de la façon que vous avez vue, ça signifie que la fin est proche, peut-être même avant Noël. La brutalité et la répression ne sont pas soutenables, elles ne peuvent pas durer éternellement », avant de poursuivre : « Quand vous voyez un régime (…) qui a peur de son propre peuple, vous savez que la fin est proche ».

Qu’est-ce qui rend le régime de Hararé aussi susceptible ? pourrait-on se demander. La situation de quasi-banqueroute dans laquelle végète le pays depuis des années et qui a atteint des proportions apocalyptiques, ces derniers mois, met le gouvernement dans un inconfort total qui lui fait craindre le pire à tout moment. Le changement espéré par les Zimbabwéens après le départ de Mugabe est encore aussi loin d’eux qu’est le ciel de la terre. « En matière de dictature, Mugabe ressemble maintenant à un enfant de chœur », a lâché le leader de l’opposition.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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