Le Burkina Faso est en pleines négociations pour voir comment diriger la transition après le départ de Blaise Compaoré, chassé par le peuple. Zéphrin Diabré, chef de l’opposition burkinabè est d’avis que l’armée ne peut en aucun cas être écartée de cette phase cruciale des négociations.
A Ouagadougou,
L’accalmie est revenue au Burkina Faso après que le peuple, aidé par l’armée, ait réussi à chasser l’ancien Président Blaise Compaoré, qui a voulu modifier l’article 37 de la Constitution pour se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne. Cette page tournée, le Burkina Faso gère la transition. Une transition qui se fera avec l’armée, notamment le lieutenant-colonel Zida, qui occupe la direction du pays depuis le 30 octobre. Zéphrin Diabré, patron de l’opposition burkinabè fait, pour Afrik.com, le point sur la situation.
Afrik.com : Le calme est revenu à Ouagadougou depuis plusieurs jours après que l’armée ait promis de rendre le pouvoir aux civils. L’opposition, la société civile et religieux viennent de remettre le projet de charte au Président Isaac Zida. Pourquoi avoir décidé de rédiger un tel projet ?
Zéphrin Diabré : Il est important que chacun des acteurs du changement survenu dans notre pays donne sa vision de la transition, avant qu’on aboutisse à une synthèse. Il se trouve que les partis politiques, la société civile, les autorités religieuses et coutumières, qui se concertaient déjà dans le cadre de la crise, partagent grosso modo la même vision de la transition. D’où leur décision de travailler ensemble et de proposer un texte commun. Bien entendu, il ne s’agit que d’une proposition. Elle doit être discutée avec les nouvelles autorités qui, du reste, avaient aussi partagé leur vision avec les autres parties prenantes. Désormais, nous avons les bases pour une vraie discussion et un choix consensuel de charte devant guider la transition.
Afrik.com : Est-ce que l’armée est réellement prête à rendre le pouvoir ?
Zéphrin Diabré : Si je m’en tiens à ses déclarations, je n’ai pas le moindre doute. Cela dit, il est clair que l’armée a un rôle très important à jouer dans cette transition. Il ne vient à l’idée de personne de l’écarter. N’oubliez pas que l’armée a été appelée par les civils à prendre ses responsabilités. Nous avons donc besoin d’eux pour réussir cette transition. Leur rôle et celui de chacune des composantes seront définies de manière concertée et consensuelle.
Afrik.com : Le Président de la transition sera désigné au plus tard mercredi, que feriez-vous au cas où la candidature n’est pas acceptée par le peuple ?
Zéphrin Diabré : Je ne sais pas de qui vous tenez ce délai. Et je ne pense pas que le risque que vous évoquez existe. La procédure de sélection est telle que la personne qui en sortira sera forcément consensuelle.
Afrik.com : Comment se fera le choix du gouvernement de transition ?
Zéphrin Diabré : Une fois le chef de la transition désigné, il lui appartient de nommer un Premier ministre après concertation. C’est ce dernier qui conduira les consultations devant aboutir à la nomination d’un gouvernement.
Afrik.com : Beaucoup de Burkinabé pensent à vous pour être à la tête du Burkina en 2015, qu’en dites-vous ?
Zéphrin Diabré : Pour le moment, mon devoir est de continuer d’organiser l’opposition, pour faire face à l’urgence de la situation. Pour le reste, on verra. Chaque chose en son temps.
Afrik.com : Comment se dessine l’avenir du Burkina, selon vous ? Pourra- t-il être à jamais solide ?
Zéphrin Diabré : Je vois un avenir radieux pour notre pays. Le 30 octobre, notre peuple a arraché un important acquis démocratique : la limitation du mandat présidentiel. Tous les dirigeants qui viendront à la tête de ce pays sont obligés de prendre cela en compte, et d’être exemplaire en matière de gouvernance.