Zem est une série qui décoiffe. Les dialogues sont drôles et les personnages attachants. Les trois héros, Yaya, Gog et Agbasco sont des zemidjans (des motos-taxis), chemises jaune vif et bière à la main, nous interpellent sur les petits travers des rapatriés africains. Les trois premiers épisodes de la série diffusés sur Dailymotion sont un pur délice. A voir et à revoir sans modération.
La série Zem est née dans la tête de Jean-Luc Rabatel, réalisateur et scénariste français et de son épouse togolaise Angela Aquereburu, une journée de septembre à Lomé. L’histoire de trois zemidjans (des motos-taxis) togolais : Gog, l’idiot de la bande, Yaya, le rapatrié et Agbasco, le sage. Des personnages haut en couleurs, ils portent tous une chemise jaune vif, qui abordent des thèmes forts comme l’immigration de manière originale et drôle. Une série sympathique qui, c’est sûr, fera parler d’elle. Décryptage avec Angela Aquereburu.
Afrik.com : Comment vous est venue l’idée de créer la série ZEM ?
Angela Aquereburu : C’était au mois de septembre l’année dernière : mon mari était en train de discuter avec mon père à Lomé et puis, je ne sais pas comment cela est arrivé dans la conversation, Jean-Luc lui a demandé si une série sur les zemidjans (des motos-taxis) marcherait. Mon père a acquiescé. Au Togo, au Bénin…, tout le monde connait les zemidjans, ils polluent les routes, ils sont très repérables et du coup très fédérateurs ! C’est à partir de ce moment là que l’idée a germé. Nos trois personnages sont des « zems » (surnom que l’on donne aux zemidjans au Bénin et au Togo).
Afrik.com : Pourquoi avoir choisi le format court pour ZEM ?
Angela Aquereburu : On cherchait à faire connaître les séries africaines et à prouver qu’on pouvait avoir de belles images et un bon contenu sur le continent. En Afrique, on est capable de faire des sujets forts autres que les télés novelas. On a choisi la shortcom car c’est un format original et que cela demande peu de moyens. On a tourné avec notre propre argent, alors les séquences fixes c’était bien pour nous !
Afrik.com : Les dialogues sont drôles et parfois un peu cyniques. Ils abordent des thématiques fortes comme l’immigration… Pouvez-vous nous parler de l’écriture de cette série, quel message avez-vous voulu faire passer ?
Angela Aquereburu : Mon mari, Jean-Luc Rabatel, est le scénariste, réalisateur de la série. Mais pour ce qui concerne les dialogues, on en discute tous les deux. Il me demande des conseils. Il cherche à savoir si ces phrases sont exactes, si elles peuvent se dire en Afrique. Il retravaille aussi ces textes avec les trois acteurs qui les adaptent pour les Africains. Pour les histoires des héros de la série, on se nourrit de la famille, des amis qui vivent au Togo.
Afrik.com : Pouvez-vous nous présenter les trois acteurs togolais de Zem. Comment s’est fait le casting ?
Angela Aquereburu : Au début, on voulait d’abord prendre des comédiens issus de la diaspora africaine. Et puis, après un casting qui a duré assez longtemps, on a opté pour trois acteurs togolais: Kokou Agbleta, Mawulikplimi Komi N’tsuley, Asrivi Sodj. Ils composent le groupe Gbabagog qui a eu le prix de la meilleure mise en scène au festival de l’humour à Bamako en 2008. Du coup, on tourne à Lomé, la capitale togolaise.
Afrik.com : Vous avez diffusé les trois premiers épisodes de la série sur Dailymotion. Quelles ont été les premières réactions des internautes ?
Angela Aquereburu : Ils ont beaucoup aimé. On a mis les trois premiers épisodes pilotes (la série en compte 10, ndlr) sur Dailymotion le 1er juin pour connaitre l’avis des gens sur la série et jusque là, ils sont plutôt encourageants. Pour vous parler en chiffres, en trois jours, trois cent mille personnes ont visionné le premier épisode. C’est donc un bon début ! Maintenant, on aimerait que cette série soit diffusée sur des chaînes françaises. On les a démarchées et maintenant on négocie.
Afrik. com : Vous n’avez pas démarché les chaînes africaines ?
Angela Aquereburu : C’est un peu plus compliqué. C’est dur de se faire financer en Afrique. Ce sont les annonceurs qui achètent les séries et les diffusent sur les chaînes africaines. Bien évidemment on va démarcher les chaînes du continent. On est allé au marché de l’audiovisuel à Dakar pour présenter notre projet.
Afrik.com : Allez-vous mettre d’autres épisodes en ligne ?
Angela Aquereburu : On ne sait pas encore car les chaînes n’aiment pas trop quand les séries ont déjà été diffusées sur le net car ils n’ont pas l’exclusivité.