Zeka Laplaine, touche-à-tout du cinéma, est à la fois devant et derrière la caméra dans son dernier film, (Paris : XY). Il revient sur sa double expérience d’acteur et de réalisateur africain. Interview.
Zeka Laplaine, originaire de l’ex-Zaïre, sort en août son deuxième long-métrage, (Paris : XY). Acteur, réalisateur et producteur, Zeka trimballe sa dégaine d’adolescent de 41 ans dans les rues de Paris, qu’il filme à merveille. Né à Kinshasa, il est arrivé en France à 18 ans pour faire des études de gestion d’entreprise. Celles-ci, très éloignées du septième art, l’aideront à monter sa boîte de production qui produit et distribue son dernier film.
Afrik : Vous êtes acteur ou réalisateur ?
Zeka Laplaine : J’ai fait une école d’art dramatique après mes études universitaires. J’ai donc une formation d’acteur mais en tant que comédien, je trouvais peu de rôles. Pendant cinq ans, j’ai cherché à travailler mais je n’étais pas assez blanc. J’ai donc commencé à m’écrire des supers rôles. J’ai réussi à vendre un scénario que j’ai été obligé de réaliser. C’était mon premier long-métrage, Macadam Tribu. J’ai laissé le rôle que je m’étais destiné à quelqu’un d’autre car pour cette première expérience, je voulais tout maîtriser et j’avais un peu peur de jouer. Quand j’ai su que j’allais devoir réaliser le film, j’ai travaillé en tant qu’assistant-réalisateur pour voir comment se passe un tournage. J’ai tout appris sur le tas.
Afrik : Donc, vous ne faites plus l’acteur à part dans vos films ?
Zeka Laplaine : Je ne cherche plus de rôle. Paradoxalement, on m’a fait plus de propositions lorsque j’ai décidé d’arrêter de chercher. Mais je suis lassé d’envoyer des photos à des directeurs de casting, je n’ai plus l’énergie d’aller frapper aux portes.
Afrik : Dans (Paris : XY), vous laissez le champ libre à vos comédiens…
Zeka Laplaine : Ce film est complètement improvisé. Il n’y a aucun texte écrit. Je voulais tenter une expérience : filmer en vidéo et faire un travail à base d’impro. J’avais la trame en tête : un schéma classique, l’histoire d’une double-vie, d’une rupture. Pendant deux semaines de travail avec les acteurs, j’ai défini leurs personnages. Juste de quoi nourrir leur imaginaire. Je les laisse assez libres car en général ce qui sort des improvisations est plus intéressant que ce que j’ai écrit. Comme je jouais le rôle de Max (le rôle principal, ndlr), j’ai engagé quelqu’un pour la direction d’acteurs. Ensuite, on a tourné en 17 jours, sans argent.
Afrik : Pourquoi avoir choisi le noir et blanc dans ce film ?
Zeka Laplaine : Je voulais raconter l’histoire d’un mec qui se retrouve seul un matin. Le noir et blanc s’est imposé comme un contraste avec les couleurs et la joie de Noël, période à laquelle se situe l’action. Le noir et blanc a un côté romantique et nostalgique sans être triste. Ça correspondait à l’ambiance que je voulais donner.
Afrik : Paris occupe une grande place dans le film, vous aimez cette ville ?
Zeka Laplaine : Mon personnage, Max, perd peu à peu ses repères et son entourage. A la fin, il ne lui reste plus que la ville. Il prend alors le temps de la regarder. Paris joue un rôle important dans ce qui lui arrive. J’ai placé Max dans cette grande ville à la veille de Noël avec plein de gens qui passent sans le voir. Ça l’isole davantage. Dans ce film, Paris est comme un personnage, d’où le titre : (Paris : XY). L’endroit où l’on choisit de vivre affecte notre histoire, nous fait devenir ce que l’on est. C’est pareil dans le film : mes personnages sont comme des électrons libres dans la ville.
Afrik : Vous êtes né à Kinshasa, vous y retournez de temps en temps ?
Zeka Laplaine : Pas assez souvent ! Je me suis déjà posé la question de savoir si je pourrais m’y installer. Mais je crois que j’aurais trop de mal à vivre de mon métier là-bas. Les gens ne sont pas habitués à la culture cinématographique, il n’y a pas de technicien, peu de cinémas. Je pense que j’irai plus facilement dans un autre pays d’Afrique.
Afrik : Vous allez bientôt tourner votre prochain film ?
Zeka Laplaine : Je pars pour quatre semaines de tournage au Sénégal, aux alentours de Dakar. Comme j’ai tendance à être fidèle avec les acteurs et les techniciens, j’ai dû me faire violence pour ne pas reprendre les mêmes comédiens sur ce nouveau film. Je vais encore jouer un rôle, mais je ne sais pas encore lequel…
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