Quinze à vingt-cinq ans de prison pour les pirates informatiques. C’est la peine prévue par la nouvelle loi que devrait présenter prochainement le gouvernement zambien au Parlement.
Fin des années 90. En quelques clics, un jeune informaticien zambien parvient à s’introduire sur le site de la présidence et y remplace la photo de son chef d’Etat Frederick Chiluba par une caricature. Tollé à la « Maison blanche » de Lusaka. Le jeune hacker est arrêté et accusé de diffamation à l’encontre du Président. Mais il n’est pas condamné, puisqu’aucune loi ne prévoit à l’époque ces nouveaux dérapages virtuels.
Aujourd’hui, c’est presque fait : un texte pour stopper le « grand banditisme » informatique est en gestation. C’est ce que propose le gouvernement zambien, soutenu par de nombreuses banques et par la Société informatique de Zambie, groupement de professionnels du secteur. Le piratage informatique semble être le nouveau mal du pays d’Afrique Australe. « Nous avons le sentiment que cette loi va aider à pourchasser le nombre de fraudes électroniques et de piratages informatiques qui ne cessent d’augmenter, en particulier dans le secteur financier », a déclaré Milner Makuni, président de la Société informatique de Zambie. Le texte de loi prévoit une peine allant de 15 à 25 ans de prison pour piratage informatique. De quoi dissuader les jeunes plaisantins.
Réseau mondial
Sceptique. Brenda Zulu, journaliste spécialiste de l’Internet et de l’informatique, estime qu’il est « difficile de réguler l’utilisation des ordinateurs et de l’Internet parce qu’on a affaire à un réseau mondial ». Selon elle, la Zambie devrait d’abord développer une véritable politique de technologie de la communication et de l’information, encore à l’état embryonnaire, avant de se précipiter pour légiférer sur le piratage informatique. On peut se demander comment la loi pourra être appliquée dans un des pays les plus pauvres de la planète, où seulement 3,44 habitants sur 10 000 possèdent un ordinateur [[<*> 1998, source: Union Internationale de Télécommunications, Network Wizards, Internet Host Surveys et Rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le Développement]].
Informatique en voie de développement
L’informatique a pourtant des impacts plutôt bénéfiques en Zambie. Les cyber cafés qui fleurissent en ville se vantent d’offrir l’accès à l’information pour tous. Même si la démocratisation d’Internet reste timide, l’arrivée de ce flux d’information éveille leur réflexion sur des thèmes aussi variés que la prévention du virus du sida ou encore la relation hommes/femmes…
Le gouvernement zambien multiplie les lignes de télécommunication, et accroît ainsi les échanges. Mais avec cette proposition de loi sanctionnant la cyber-criminalité, il marque sa volonté de marginaliser toute dérive. Même si le piratage d’un site peut se faire de n’importe où en dehors de la Zambie, et qu’il est dès lors difficile d’engager des poursuites…