Le ministre de l’Intérieur zambien veut persécuter les prostituées pour lutter contre le sida. Bien commode. Les professionnels médicaux voient dans le Lévirat et le machisme ambiant les causes réelles de la propagation de cette terrible maladie.
Les filles de joie zambiennes sont dans le collimateur du ministre de l’Intérieur, Edwin Hatembo, qui leur reproche de véhiculer le Sida dans le pays.
Ce dernier a annoncé hier, au cours d’une interview, qu’il lâcherait les policiers sur les péripatéticiennes exerçant dans les villes » car nous avons le devoir de protéger nos citoyens « , a-t-il argué.
Le ministre a rappelé les différents articles de loi qui prescrivent la prostitution et appelé les autorités locales à assurer une répression accrue en se fondant sur un strict respect de la loi.
Tous protégés… sauf les femmes
Il a également déclaré vouloir protéger les mineurs qui fréquentent les bars de nuit et seraient particulièrement exposés à la tentation de vendre leurs corps. Là encore, c’est au nom de la préservation des » teen-agers » qu’Hatembo a annoncé que désormais ils seront interdits de sortie : » Nous n’allons plus permettre aux mineurs de fréquenter les bars de nuit. C’est une mesure qui vise à sauvegarder leurs droits. Une mesure de protection « . Mieux : Hatembo a averti que les parents négligents seraient désormais susceptibles d’être poursuivis.
Les derniers chiffres de l’Université de Médecine de Zambie font état de 25 000 enfants séropositifs à travers le pays. Mais un rapport de la même source, datant de novembre dernier, établit clairement que les femmes pauvres et les prostituées ne parviennent pas à négocier le port du préservatif à des partenaires. Ceux-ci considèrent qu’ils sont les seuls à décider de la façon dont doivent se dérouler les rapports sexuels. » Dans une société africaine, l’homme est tout puissant. La plupart des femmes n’ont pas droit au chapitre. Si un homme ne veut pas utiliser de préservatif, il y aura rapport non protégé « , peut-on y lire.
De même apprend-on que la cause principale de la propagation du virus, qui a fait baisser l’espérance de vie de 54 à 37 ans en dix ans, est à mettre sur le compte du Lévirat. Une pratique qui pousse un parent d’un homme décédé à prendre pour épouse la veuve. Cette dernière, comme la première épouse, n’ayant pas son mot à dire… ce sera sans capote.