Zaïnaba ou la « Voix d’or des Comores »


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Zaïnaba
Zaïnaba

Zaïnaba, sans doute la plus célèbre artiste comorienne du moment sur la scène internationale. Saluée par la critique en France pour son album Comores : chants de femmes, elle se produit mercredi et samedi sur son archipel. Deux concerts événements où l’artiste égrainera pour la première fois un répertoire de musique traditionnel, loin de la pop qui a fait son succès. Afrik l’a rencontrée à Paris, juste avant son départ. Interview.

Par Nyr Raymond

Si Zaïnaba était déjà une grande artiste aux Comores et dans toute la communauté, elle a assurément gagné une nouvelle dimension avec son troisième album Comores : chants de femmes. Un disque de musique traditionnel encensé par la critique en France qui tranchait complètement avec ses deux premiers opus de variété. C’est ce nouveau visage artistique qu’elle présentera pour la première fois, mercredi et samedi, aux Comores. Deux concerts événement, suivis la semaine prochaine d’un troisième concert dans le cadre du Komor 4 festival. « La voix d’or des Comores », qui ne renonce toutefois pas à ses premiers amours, nous explique son combat pour exhumer un patrimoine culturel oublié.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de faire un album de musique traditionnelle alors que vous teniez votre célébrité de la variété comorienne ?

Zaïnaba : Parce que la musique traditionnelle tend à disparaître. Le marché est envahi de zouk, de rap… Le public a tendance à oublier nos racines et les artistes à imiter la musique « moderne ».

Afrik.com : Vous étiez connue et appréciée pour votre musique pop. N’aviez-vous pas peur en réalisant un album de musique traditionnel de dérouter votre public ?

Zaïnaba : Ce n’était pas vraiment un risque artistique, car je n’ai pas renoncé à la variété comorienne, mon quatrième album sera de la variété comorienne. Ce troisième album n’était pas un choix exclusif. Mon objectif est de garder mon public et d’en attirer un autre. Pour cet album Comores : chants de femmes, j’ai reçu beaucoup d’emails de félicitation de Comoriens de l’étranger.

Afrik.com : Les félicitations que vous avez reçu ne sont-elles pas aussi dues au fait que vous avez reçu les meilleurs critiques de la part de la presse française ?

Zaïnaba : Oui et non. C’est vrai que ce n’est pas une chose négligeable. Ça a permis de sortir la musique traditionnelle comorienne de l’oubli et de faire prendre conscience aux Comoriens de la valeur de notre patrimoine culturel. Certains chants sur l’album avaient complètement disparu. On les entendait parfois, entonnés par de vieilles femmes, pendant des mariages.

Afrik.com : Etait-il artistiquement difficile de passer de la pop à la musique traditionnelle ?

Zaïnaba : La musique traditionnelle est plus facile, notamment au niveau des arrangement, parce que plus spontanée.

Afrik.com : Qu’avez-vous pensé du résultat ?

Zaïnaba : J’ai été très émue par le résultat. Je ne m’attendais pas à rendu si profond. Ceci dit, je ne pensais vraiment pas que notre musique allait séduire la presse musicale française à ce point. Donc ça a été une autre bonne surprise.

Afrik.com : On vous appelle « La voix d’or des Comores », avez-vous conscience d’être aujourd’hui à l’étranger l’icône de la musique comorienne ?

Zaïnaba : On ne m’a pas donné ce surnom après le disque de musique traditionnelle mais après le premier album. C’est l’arrangeur qui a commencé à m’appelé ainsi. Mais je suis consciente que j’ai tout de même ouvert la musique traditionnelle comorienne ne serait-ce qu’au public français et en ça j’ai atteint mon but. J’ai réussi à faire certains gros festivals, comme celui de Nancy ou le festival Africolor. Je me produis par ailleurs le 3 février prochain à Reins.

Afrik.com : Êtes-vous anxieuse quant à votre tournée aux Comores, car vous allez vous produire sur un répertoire de musique traditionnel ?

Zaïnaba : Je ne suis pas anxieuse, car je suis intervenue dans un festival devant un public composé à 85% de jeunes. J’ai été très surprise et très émue de constater que personne ne parlait pendant ma prestation. Tout le monde écoutait en silence. Et à la fin, personne ne voulait que je m’arrête. Sur scène il y aura tout une ambiance, avec des costumes et des danses. Je me produis avec le groupe traditionnel Ngomé. Et puis je n’ai pas peur de me produire sur scène avec un tel répertoire, car personne n’a osé faire cela auparavant. Donc personne ne sait si le public plébiscitera ou non. Certains viendront me voir ne serait-ce que par curiosité. Et puis c’est vrai qu’on a tendance à vouloir découvrir ce qui vient de l’extérieur, or j’ai acquis une nouvelle notoriété en France, grâce à cette musique.

Afrik.com : Dans quel registre vous sentez-vous à l’aise, la variété ou la tradition ?

Zaïnaba : Je suis plus à l’aise dans la tradition.

Afrik.com : Comment avez-vous commencé dans la musique ?

Zaïnaba : Ma mère chantait, mais c’était entre femmes, dans son association Waridatilhubi. Elle se produisait uniquement pendant les mariages. Jamais sur scène. J’ai commencé à chanter quand j’avais 6 ou 7 ans, justement dans l’association de ma mère. A 12-13 ans, je chantais avec les grandes sœurs dans les mariages. Puis j’ai chanté dans des groupes, notamment celui de mon petit frère (le groupe Sambeco). C’est en 1991 que j’ai décidé de faire mon propre album.

Ecouter la voix d’or des Comores

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