Bien qu’expert en verrouillage, le premier secrétaire de l’Union Socialiste des Forces Populaires, Abderrahmane Youssoufi, devra ménager ses tendances lors du 6e congrès de Casablanca. A l’heure du bilan de trois années de gouvernement, l’exercice de style s’annonce délicat.
Le vieux lion du socialisme marocain, le Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, s’apprête à affronter la tempête des contestations internes alors que les choses sérieuses commencent (à huis clos) en cette deuxième journée du congrès de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) à Casablanca.
Selon la presse indépendante, le numéro 2 du parti, Mohamed El Yaghzi, et ses partisans se sont décidés à livrer au premier secrétaire une bataille sans merci pour prendre les manettes du puissant parti au pouvoir. L’absence de candidature officielle et d’accord de désistement en faveur de l’un des deux postulants, tend à confirmer cette rumeur.
Plusieurs pointures du mouvement ont par ailleurs dénoncé les conditions de préparation de ce sixième congrès (une première depuis 12 ans). Ils ont parlé de fraudes entachant les opérations de recensements du millier de militants qui y seront présents.
Comme si cette rivalité au sommet ne suffisait pas, Abderrahmane Youssoufi devra également compter avec d’autres tendances critiques. En premier lieu, celle incarnée par le puissant secrétaire général de la Confédération démocratique du Travail, le syndicaliste Noubir Amaoui.
Des minoritaires très actifs
En outre le chef de gouvernement se prépare aux attaques de deux courants mineurs, mais très actifs, les animateurs de » fidélité à la démocratie » (du nom d’une plate-forme qui a été écartée des documents préparatoires) et la Chabiba Itthahida, la jeunesse socialiste, dirigée par le bouillant Mohamed Hafid.
Non content de publier un hebdomadaire régulièrement censuré par la direction du parti, le jeune poulain est connu pour ces ruades dans les brancards du vieil appareil. Il a refusé son siège de député pour cause de scrutins jugés truqués aux élections de 1997 et écrit à Youssoufi pour contester les méthodes de préparation du congrès.
Les contestataires s’accordent à dénoncer sa participation au pouvoir acquise au terme du référendum constitutionnel de 1996, qui limite les pouvoirs du Premier ministre. Référendum auquel la direction de l’USFP à appelé à voter » oui » sans soumettre cette décision à l’approbation des militants du parti.
Pour l’heure le leader socialiste croit dur comme fer que l’approbation par les congressistes de la plate-forme politique soutenant sa participation » au gouvernement d’alternance » sera votée. Mais pour éviter une fracture avec les déçus du socialisme à la marocaine, les organisateurs du congrès ont décidé d’élargir le bureau politique de 11 à 21 membres. Une meilleure représentation de toutes les tendances de l’USFP au sommet de l’appareil, qui sonne comme une concession. Elle trahit la fébrilité d’une direction obligée de trouver un modus vivendi avec ses minoritaires, capables de faire payer cher leur arbitrage dans le duel Youssoufi/Yazghi qui s’annonce.