Malgré la révolution technologique, la montre-bracelet continue d’avoir des adeptes au Sénégal. Mieux, on retrouve encore quelques réparateurs qui vivent du métier d’horloger dans la capitale sénégalaise. A l’image de Yoro Bah (47 ans), un ressortissant guinéen, mais qui vit au pays de la Téranga depuis 1983 et exerce au marché de Castors. Même s’il se plaint un peu du manque d’affluence, il parvient tout de même à subvenir aux besoins de sa famille.
C’est à l’âge de 8 ans que Yoro Bah, originaire de Pita en Guinée, découvre Dakar avec ses deux parents, qui sont malheureusement décédés, quelques années plus tard. Établi au Sénégal, jeune homme à l’époque, Yoro Bah a fait beaucoup de petits métiers, comme la plupart des Guinéens, avant d’embrasser le métier d’horloger, à 17 ans. « J’ai fait beaucoup de choses, avant de faire ce métier. Il faut dire qu’auparavant, c’est-à-dire avant la révolution technologique avec les téléphones portables, je gagnais bien ma vie avec ce travail. D’ailleurs, j’ai épousé mes trois femmes grâce à ce métier », raconte Yoro Bah, qui précise que l’une de ses femmes est décédée, alors qu’il s’est séparé de l’autre. Du coup, il se retrouve avec une femme et 16 enfants.
Devant son atelier, dont la devanture est transformée en petite boutique de vente de montre-bracelet, quelques clients fidèles sont là et attendent leur tour. Preuve que le Guinéen, qui est l’un des rares réparateurs de montres, s’en sort toujours. Surtout qu’il peut compter sur les nostalgiques de montre-bracelet. « Il y a une dizaine d’années encore, presque tout le monde portait une montre, ce qui n’est plus le cas de nos jours. Nous avons de moins en moins de clients et des fois, il m’arrive de passer toute la journée sans gagner le moindre centime. Mais, il m’arrive parfois de gagner entre 3 000 et 10 000 FCFA. Dieu merci », confie-t-il, assis sur une chaise, en tain de réparer la montre d’un client.
Avec une vingtaine de bouches à nourrir, Yoro Bah s’est vu obligé d’élargir son champ d’action, mais en restant toujours dans son domaine d’activité. C’est ainsi qu’il a créé sa petite boutique. « Comme vous le savez, beaucoup de gens ne réparent plus de montre. Souvent quand elle est gâtée, ils préfèrent en acheter une autre, à moins que cela soit une montre de valeur. C’est pourquoi j’en vends aussi », confie Yoro Bah, qui continue de pérenniser le travail d’horloger à Dakar, malgré toutes les difficultés qu’il rencontre. Son souci, ce sont plutôt ces clients qui viennent déposer leur montre pour réparation et qui ne reviennent jamais récupérer leur bien.