Pierre Bouopda, chargé de l’organisation de » Yaoundé Net Com « , fonde la réussite du salon qui coïncide avec une fête nationale sur deux points : la réunion des acteurs publics et professionnels du secteur et la détaxe des produits exposés. Le gouvernement entend utiliser ensuite les conclusions de la manifestation pour développer Internet dans la région. Autopsie d’une stratégie.
Entre profanes et professionnels, » Yaoundé Net Com 2001 » attend près de 10 000 visiteurs par jour. Première du genre au Cameroun, cette fête des Nouvelles technologies de l’information et des communications (NTIC) n’est pourtant pas qu’une simple vitrine nationale. Mandaté par la Chambre de commerce et de l’industrie pour organiser le salon, le consultant Pierre Bouopda explique que l’initiative vise à faire du pays la tête de pont des NTIC en Afrique centrale.
Afrik : Vous attendez quelques 10 000 visiteurs par jour. Quels sont les atouts de la réussite de l’événement ?
Pierre Bouopba : » Yaoundé Net Com » est tout d’abord un salon gratuit. D’autre part, nous avons fait coïncider l’événement avec la fête nationale de la jeunesse (dimanche 11 février, ndlr), tout comme nous le ferons pour les prochaines éditions. En marge de tout ce qu’il se fera dans la capitale, dimanche marquera le point d’orgue du salon.
De plus, outre les nombreux partenariats que nous avons noués pour l’occasion, comme avec Radio France internationale (RFI) et Canal France international (CFI), nous avons travaillé, avec le ministre de l’Economie et des Finances et la Direction des impôts, à mettre en place, dimanche, une » Journée francs « . Les produits de l’exposition seront tous vendus hors taxes (les taxes représentent un tiers du prix du produit, ndlr). Et nous avons également demandé aux exposants de diminuer leurs marges. Ainsi, le salon pourra permettre au public de s’équiper à moindres frais.
Afrik : Quels sont les bénéfices que le gouvernement va tirer du salon ?
P.B : Tout au long du salon, il va y avoir beaucoup de tables rondes. Elles vont regrouper tous les professionnels nationaux et régionaux du secteur, ainsi que les représentants des pouvoirs publics du pays. Entre confrontation des différentes pratiques professionnelles et identification des obstacles réglementaires, les conclusions de ces tables rondes serviront à l’élaboration d’un Livre Blanc de l’Internet pour le gouvernement. Il n’existe aujourd’hui aucun état des lieux des NTIC au Cameroun. Le Livre Blanc s’inscrira donc comme un document de référence. Le gouvernement va s’appuyer sur le salon pour lancer son futur programme d’actions.
Afrik.com : Quel est la situation des NTIC au Cameroun ?
P.B : Au Cameroun, le secteur privé est en avance sur l’Etat. Il n’a pas attendu que les pouvoirs publics initient le mouvement. Les opérateurs privés sont à la pointe de la technologie. Ils disposent par exemple de leurs propres liaisons satellitaires.
Avec des coûts de connexions relativement bas dans le pays, de l’ordre de 600 FCFA (6 FF), on constate également un réel engouement de la population pour Internet. Mais l’outil reste sous-exploité et les potentialités méconnues. L’utilisation d’Internet reste essentiellement cantonnée à la messagerie et à la téléphonie. Une utilité immédiate du Net face à la défaillance de notre service postal et aux coûts, très élevés, des communications internationales.