Une grande voix de la musique arabe, Warda al Jazaïria, s’est éteinte ce jeudi en Egypte.
C’est dans son pays adoptif, l’Egypte, que Warda al Jazaïria (rose algérienne, ndlr) s’en est allée ce jeudi à l’âge de soixante-douze ans des suites d’un arrêt cardiaque. Adulée par la critique, la diva aux chansons d’amour marquera sans aucun doute pendant longtemps l’histoire de la musique classique arabe. Elle laisse derrière elle un héritage de plus de trois-cent chansons vendues à plus de vingt millions d’exemplaires à travers le monde.
La dépouille de la chanteuse sera exposée samedi au Palais de la culture pour un dernier hommage avant d’être inhumée dimanche 20 mai au cimetière d’El Alia. Une nouvelle qui ravi le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui a souhaité le rapatriement du corps en Algérie.
La guerre d’Algérie déclenche sa médiatisation
La « Rose algérienne » est née à Puteaux, en région parisienne, en 1940, d’un père algérien et d’une mère libanaise. A peine âgée de onze ans, son père l’initie à la musique dans son établissement situé à l’époque dans le Quartier latin de Paris. Elle se fait connaître pendant la guerre d’Algérie grâce à ses chansons patriotiques. Alors qu’elle commence à donner des concerts à travers le monde arabe, elle se voit contrainte de quitter la France. Son militantisme et ses dons en faveur du FLN ne plaisent pas dans l’hexagone.
Elle part alors vivre à Rabat, la capitale du Maroc, avant de s’envoler pour la capitale libanaise, à Beyrouth. Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la voici de retour aux sources. Pas tant que ça, car l’homme qu’elle épouse en 1962 lui interdit la musique. Un silence radio de douze années s’en suivra jusqu’à ce fameux jour où le (deuxième) président de la République algérienne, Houari Boumediene, lui demande de revenir sur la scène pour commémorer l’indépendance de l’Algérie. Son mari divorce d’elle. Peu importe, Warda est épanouie dans la musique.
Un retour éclatant
Elle se relance dans l’aventure, mais en Egypte cette fois-ci où elle retrouve le compositeur Baligh Hamdi avec qui elle se marie. Sa carrière en Egypte est un franc succès. Elle côtoie les plus grands compositeurs arabes tels que Mohammed Abdel Wahab, Ryadh Soumbati, Sayed Mekawi ou encore Hilmi Bakr. Elle met aussi à profit ses talents de comédiennes dans quelques grands rôles de films égyptiens.
Puis, arrive le jour où elle est de nouveau censurée. Le président Sadate la fait interdire de radio et de télévision en Egypte. Elle est même invitée à quitter (forcée) le territoire. En cause, El Ghala Yenzad. Cette chanson qui fait l’éloge de la famille du Prophète et tout particulièrement de l’ancien dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. Anouar al-Sadate n’a pas du tout apprécié que leur rose adoptive parle en bien de celui qui devint un jour son ennemi. Warda n’a d’autre solution que de demander à Jihane Sadate, l’épouse du président, d’intervenir auprès de son époux pour lever l’interdiction. Pari gagné.
A la fin des années 90, elle signe un retour fracassant avec Nagham el Hawa, un album qui compile orchestration classique et arrangements modernes. Warda al Jazaïria était, à l’instar de Oum Kalthoum, l’une des divas les plus connues et les plus appréciées du monde arabe. Une rose qui aura conservé intactes ses pétales durant soixante-douze ans.