Wade : « Tout est encore possible »


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Au lendemain de l’élection présidentielle, Abdoulaye Wade n’exclut pas la possibilité d’un second tour, jugé « inévitable » par l’opposition, sans s’avouer battu pour autant.

De notre envoyé spécial

Politicien aguerri par vingt-six ans d’opposition, Abdoulaye Wade ne baisse jamais les bras. Vêtu de son costume de démocrate modèle, le président sénégalais a convoqué la presse nationale et internationale pour une déclaration ce lundi en fin de journée. L’occasion pour lui de reprendre la main et de remonter le moral de ses troupes, sonnées par les premiers résultats. Alors que le pays semble se diriger vers un second tour entre le président sortant et son ancien Premier ministre Macky Sall, le scénario de 2000 est évidemment dans tous les esprits. Arrivé en tête lors du premier tour avec 41% des suffrages exprimés, le socialiste Abdou Diouf, au pouvoir depuis 1981, avait été contraint à un second tour et battu le 19 mars 2000 dans les urnes par son plus farouche opposant, l’avocat Abdoulaye Wade…

« Le scrutin du 26 février confirme que notre pays reste solidement ancré dans le cercle restreint des démocraties modernes, majeures et apaisées », déclare Wade. Le président se félicite d’avoir relevé le défi de « l’organisation d’un scrutin transparent, démocratique et pacifique ». Dimanche, l’élection s’est en effet déroulée dans le calme et sans incident majeur. Ces derniers jours, le mouvement du 23 juin, qui rassemble l’ensemble de l’opposition et de nombreuses organisations de la société civile, jugeait pourtant « impossible la tenue d’un scrutin transparent, libre et apaisé ». Certains candidats réclamaient le report de l’élection alors que d’autres y étaient fermement opposés et tous criaient par avance à la fraude quitte à effrayer les Sénégalais. Lui rend un « hommage appuyé » à ses compatriotes « pour la maturité, l’esprit de tolérance et le civisme » dont ils ont fait preuve. Droit dans ses bottes, Abdoulaye Wade confirme qu’il a toujours un coup d’avance sur ses opposants.

Un second tour est « inévitable »

Mis en échec, le roi n’est pas encore mat. Rejeté par nombre de ses concitoyens, en particulier les jeunes, Wade conserve l’attachement d’une frange importante de la population qui l’appelle tendrement « Gorgui », « le vieux » en wolof. « C’est lui qui rassure », scande l’une de ses affiches de campagne, placardée dans tout le pays. Alors que l’opposition affirme depuis dimanche soir qu’un second tour est « inévitable », le candidat à un troisième mandat admet cette possibilité sans s’avouer pour autant vaincu.

« Nous en sommes à présent au dépouillement et au recensement des votes par les structures compétentes au niveau départemental en attendant la publication prochaine des résultats provisoires » prévue vendredi, indique-t-il. « Le recensement, qui à l’heure actuelle porte sur 282 collectivités locales sur 551, soit la moitié, nous classe en tête avec 32,17%, et 25,24% pour mon suivant. Tout est donc encore possible, victoire ou second tour », poursuit Wade. Dans la perspective d’un second tour, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS, au pouvoir) et ses alliés dont le candidat arrive en tête de la compétition vont naturellement explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques selon des modalités à convenir ensemble pour élargir notre électorat et nous assurer les conditions d’une victoire finale. Ensemble, nous relèverons ce défi. Vous avez ma confiance et je sais pouvoir compter sur la vôtre ». Beau joueur, il explique que « c’est là l’expression normale du pluralisme démocratique », remobilise ses troupes et annonce la couleur. Si deuxième tour il y a, il se battra jusqu’au bout et fera tout ce qu’il peut pour semer la zizanie dans une opposition déjà divisée et où la guerre des égos fait rage.

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