Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, est sur tous les fronts. Sa dernière trouvaille est la création d’un Pacte africain contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, le Continent a d’autres priorités plus urgentes.
Depuis Paris, il lance l’idée d’une alliance avec les Etats-Unis et l’Europe contre « la menace planétaire ». « Une coalition mondiale contre le terrorisme est en train de se former. Les pays occidentaux ont un front organisé qui est l’OTAN. J’ai pensé que les pays africains, à leur tour, au-delà de la simple déclaration verbale, doivent s’engager par des actions directes dans une lutte planétaire ».
Tout en reconnaissant que les Africains « ne sont pas des terroristes, ni des pirates de l’air », il entend participer, avec les alliés, à cette nouvelle guerre. A moins d’être visionnaire, et il n’y a aucune raison de ne pas le croire, Wade semble prendre de l’avance sur un phénomène inexistant en Afrique noire. A part l’Algérie, et dans une moindre mesure l’Egypte et le Maroc, le Continent est plutôt préservé sur ce plan-là. L’attaque des ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya ne visait nullement les pays africains. D’ailleurs, le seul dirigeant à abonder dans le même sens est le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Mais celui-ci a toutes les raisons d’appeler à une coopération internationale : plusieurs responsables islamistes bénéficient de statut de réfugiés politiques dans les capitales européennes, notamment à Londres.
Alors, qu’est-ce qui fait courir Wade ? L’Afrique entière a applaudi à son plan Omega. L’axe Johannesburg-Lagos-Pretoria a accepté de faire une fusion avec l’autre plan, Millenium. C’est lui-même qui est désigné pour être ambassadeur de la « Nouvelle initiative africaine ». Certains dirigeants africains risquent de lui reprocher son excès de zèle auprès des Occidentaux. Nombreux sont ceux qui veulent se tenir à l’écart de la Nouvelle Guerre. Pourquoi Abdoulaye Wade juge-t-il indispensable de s’y inscrire?