Grincement de dents à Abidjan et -surtout- à Lomé. Le tonitruant président sénégalais, Abdoulaye Wade, a le don d’irriter ses collègues africains.
De passage à Paris, il se hâte de d’enterrer les négociations de Lomé entre les représentants du gouvernement ivoirien et les insurgés. Un échec qui serait dû, selon lui, à Gnassingbé Eyadéma. Les deux hommes se détestent cordialement. Elu démocratiquement, le président sénégalais ne se prive pas de rappeler le passé peu reluisant des anciens putschistes qui vantent, aujourd’hui, les vertus de l’alternance politique. Sans jamais s’y soumettre.
Abdoulaye Wade est un marathonien qui court comme les sprinters du 100 mètres. Aura-t-il le souffle nécessaire ? Après sa sortie de l’Elysée dimanche, il a changé radicalement son discours. La France, qui a envoyé à Lomé un ancien ambassadeur, désavoue l’enterrement hâtif. L’oraison funèbre d’Abdoulaye Wade a été mal perçue à Paris. En fin diplomate, le président sénégalais a rebondi en proposant d’accueillir le futur round si l’une des parties en conflit, ou quelqu’un d’autre, en fait la demande. Tenace.
Le président togolais n’a jamais caché son mépris pour le dynamisme étourdissant d’Abdoulaye Wade. La presse officielle de Lomé s’est fait une joie de tartiner des pages sur l’échec du président en le comparant à un lièvre. Et Eyadéma pour la tortue. Le seul président en exercice ayant osé critiquer Wade, le Nigérian Olesegun Obasanjo, s’est vu rafraîchir sa mémoire d’ancien général.
C’est un secret de polichinelle de dire que le président sénégalais compte peu d’amis parmi ses collègues. Qui se demandent ce qui le fait courir. Car Abdoulaye Wade n’arrête pas de bouger. Malheureusement, il n’a pas d’adeptes. Parce que personne ne voit l’arrivée. S’il y en a une. Ce n’est sûrement pas le libéralisme prôné par le maître de Dakar, qui a échoué au Sénégal, notamment en agriculture, qui convaincra ses pairs. Qu’est-ce qui fait courir Wade ?