Née dans la tête d’un enfant du pays, une école de village a vu le jour au Burkina en 1996, et ce n’est qu’un début…
Moussa Konatè travaille depuis plus de vingt ans au Syndicat des PME à Paris. Mais il est burkinabé de naissance, de coeur et d’esprit. Son village natal s’appelle Bâ et se trouve dans la province de Kossi, à l’extrême nord du département Djibasso, à la frontière avec le Mali. Moussa s’est vite rendu compte des besoins criants du village et, il y a une dizaine d’années, élabore un projet de construction d’une école.
C’est grâce à des appuis divers que le projet va véritablement prendre forme. Le président de la Confédération des PMI et PME, Lucien Rebuffel s’est engagé très fortement et « son intervention a été capitale et décisive » explique Moussa. Dans l’aventure, on retrouve également l’ancien ministre de la coopération centralisée, Jacques Godfrain.
Soutenu par sa famille et motivé par son attachement très fort au village de son enfance, Moussa se bat contre des lourdeurs administratives inévitables. Mais il a un immense avantage : une connaissance parfaite du milieu et des mentalités. C’est pourquoi il tient « à engager tout le village dans le projet. Il n’était pas question de leur imposer quoi que ce soit ».
Accueil romanesque
L’école a finalement été inaugurée le 8 janvier 1996, en présence de tout le village, dans une ambiance de fête. La photographe Dominique Cros qui a couvert l’événement, raconte : « La réception du projet a été incroyable dans toute la province. Nous avons reçu un accueil démentiel de la part des villageois. Nous avons eu droit à une escorte de cavaliers, on se serait cru dans un roman de Joseph Kessel. Les instituteurs sont arrivés en grande pompe, et le président de la Fédération a reçu un cheval avec un harnais magnifique ».
Le village avait effectivement de quoi être fier, car il s’est organisé pour assumer le projet et l’école a été construite par les habitants de Bâ. L’Ambassade de France a fait construire un puits pour parfaire le tout. Aujourd’hui, l’école accueille 210 élèves pour seulement trois classes. Bâ est en effet entouré de huit villages, et son école en draine tous les enfants. L’agrandissement de l’école est donc une priorité aujourd’hui : « Maintenant, on ne peut plus reculer. Il faut aller de l’avant » explique Moussa.
Education et santé pour tous
Après « cette superbe aventure », comme il la nomme, le prochain projet est celui d’un dispensaire. Car là encore les infrastructures font défaut à la région. Le premier centre médical est à 35 kilomètres de la nouvelle école : un peu compliqué pour soigner les petits écoliers et leurs familles. Le prochain pôle de santé ira bien au-delà des huit villages de proximité et soulagera la région entière.
Le projet de l’école, comme celui du dispensaire, est soutenu par un plan quinquennal qui, au Burkina, prévoit le placement du personnel, une fois les lieux construits. Ainsi, l’Etat s’était engagé à fournir des enseignants et à les payer une fois l’école sur pied. Il emploiera un infirmier d’Etat et une sage-femme à condition qu’ils soient logés sur place. Une mesure vraiment encourageante.
L’Association Soba (« maison » en bambara), créée il y a peu pour continuer à développer la région, a un credo simple, qui n’est pourtant pas évident : « L’éducation et la santé pour tous ».
Association SOBA, siège social : chez M. et Mme Konatè Moussa, 9 rue des Alouettes, 94 470 Boissy-Saint-Léger