Paco Sery est batteur, et vraiment pas des moindres. Dans Voyages, son premier album solo, l’Ivoirien met toute la puissance de sa verve musicale au service de ses nombreux invités. Une palette de styles avec toujours en ligne de fond un sacré méchant groove.
Que peut-il y avoir de commun entre Meyway, Dianne Reeves, l’Orchestre national de Barbes (ONB), Manu Dibango, Claude Nougaro ou encore les rappeurs sénégalais Daara J ? A priori pas grand chose. Si ce n’est que chacun dans son style fait partie des plus grands. Le dénominateur commun, c’est lui, Paco Sery. Le petit prodige ivoirien de la batterie est, lui aussi, loin mais alors très loin, d’être un bras cassé. Dans « Voyages », son premier album solo, il les réunit tous pour 16 titres éclectiques, dont le liant reste la puissance rythmique de son art.
Les musiciens qui excellent dans leur art ont souvent tendance, dans leur propre album, à tirer la couverture à eux. Paco Sery se garde bien de sombrer dans de tels travers. Sa batterie, aux larges accents funk, il la met au service de la musique et non l’inverse. Et nul besoin pour lui de trop en faire montrer de quel bois ses baguettes se chauffent.
D’excellents arrangements
Il laisse à ses invités le soin d’être les auteurs et interprètes des chansons de l’album, il se réserve les arrangements et la composition des morceaux. Sage décision. Le résultat : une belle palette de genres orchestrés avec talent par notre batteur inspiré. Et l’on touche alors à la définition du groove. Une musique dont on ne peut s’empêcher de suivre le rythme qui avec les doigts, qui avec les pieds, qui avec la tête.
La variété des genres laisse toutefois quelques morceaux sur le bord de la route, comme « Jungle » par exemple, que l’on pourrait au mieux qualifier d’expérimental. Mais de la bombe funk « Donne-moi une chance » à l’épicé « Maghreb » avec l’ONB, en passant par « Nasty Girl », on trouvera dans « Voyages » plus d’une perle qui font de l’album une nécessité dans notre discothèque.
Commander le disque édité chez le label EMI Blue Note (2000)