Dans une manœuvre visant à renforcer sa position sur le marché africain en pleine expansion, Volkswagen Group Africa (VWGA) a signé un nouvel accord stratégique avec le gouvernement égyptien le 29 juin 2024. Cette annonce, faite lors de la conférence sur l’investissement Égypte-UE au Caire, marque un tournant dans la stratégie du constructeur allemand sur le continent.
L’Afrique, avec sa population jeune et en croissance rapide, représente un eldorado pour les constructeurs automobiles. Selon les experts du secteur, les ventes de véhicules neufs sur le continent devraient doubler d’ici 2030, atteignant près de 3 millions d’unités neuves par an. Dans cette course, Volkswagen tente de rattraper son retard sur des concurrents déjà bien implantés comme Toyota, leader du marché africain, ou Stellantis, qui a récemment renforcé sa présence en Afrique du Nord.
Un pari égyptien
L’accord signé en Égypte prévoit une étude de faisabilité pour la construction d’ateliers de carrosserie et d’assemblage dans la zone automobile d’East Port Said (EPAZ). Martina Biene, directrice générale de VWGA, explique : « Cette coopération nous offre un modèle d’investissement intelligent, nous permettant de nous concentrer sur les opérations plutôt que sur les investissements lourds en infrastructure. »
Cette stratégie « asset-light » pourrait donner à Volkswagen l’agilité nécessaire pour s’adapter rapidement aux spécificités du marché africain, un avantage face à des concurrents comme Toyota, dont les investissements massifs dans des usines en Afrique du Sud et au Kenya pourraient se révéler moins flexibles.
Un défi de taille
Cependant, le chemin vers le succès en Afrique reste semé d’embûches pour Volkswagen. Toyota, avec sa réputation de fiabilité et son réseau de distribution bien établi, détient d’importantes parts de marché dans de nombreux pays africains. Stellantis, de son côté, bénéficie d’une forte présence historique en Afrique du Nord grâce à ses marques Peugeot et Citroën et il vient de lancer la construction d’une nouvelle usine Fiat ultra moderne en Algérie. D’autres marques comme le Groupe Renault (y compris Dacia), Daimler AG, Ford Motor Company, Hyundai Motor Company et Isuzu Motors sont aussi largement présents sur le continent.
Pour se démarquer, Volkswagen mise sur l’électrification et la mobilité durable, des domaines où le groupe allemand a une longueur d’avance. « Nous voyons l’Égypte comme une porte d’entrée vers l’Afrique pour nos véhicules électriques abordables« , déclare une source proche du dossier.
Un enjeu continental
L’accord avec l’Égypte s’inscrit dans une stratégie plus large de Volkswagen pour l’Afrique. Le groupe a déjà des projets en cours au Rwanda et au Ghana, et cherche à étendre sa présence dans d’autres marchés clés comme le Nigeria et le Kenya. Du coté égyptien, l’idée est de concurrencer notamment le Maroc, champion d’Afrique du Nord pour la construction de véhicules automobiles.
Cette course à l’Afrique entre les géants de l’automobile promet de redessiner le paysage industriel du continent. Alors que les gouvernements africains, à l’image de l’Égypte avec son Programme de Développement de l’Industrie Automobile, cherchent à attirer les investissements, la question reste de savoir qui émergera comme le leader de cette nouvelle frontière automobile.