Nicolas Sarkozy a présenté vendredi 8 février son « Plan banlieues ». L’UMP s’affirme confiante, la gauche tient parfaitement son rôle d’opposition en critiquant quasi systématiquement les mesures énoncées. Les associations ont des points de vue mitigés, les propositions du chef de l’Etat leur semblent peu concrètes notamment sur le plan financier.
Les réactions au très attendu « Plan banlieues » annoncé vendredi dernier par Nicolas Sarkozy ont suscitées de vives réactions. A propos des 4 000 policiers supplémentaires dans les quartiers, d’un représentant de l’Etat dans chaque quartier, de la généralisation des « écoles de deuxième chance » ou de la création de 30 sites d’excellence, chacun reste dans son camp et défend ses positions. L’UMP s’affiche pour, la gauche unanimement contre. Quand aux associations, elles attendent la concrétisation, notamment financière, des mesures annoncées.
L’UMP se félicite
Si certains s’expriment avec ferveur et grandiloquence annonçant l’avènement d’«une révolution dans la politique de la ville », comme le député UMP de la Moselle François Grosdidier qui affirme qu’« elle peut changer la vie de nos concitoyens les plus défavorisés en leur permettant de prendre leur destin en main» ou Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Ville qui s’avoue « Hyper contente, et même très sereine », d’autres, à l’instar de Patrick Devidjan, restent discrets voire modérés. Pas de grandes effusions du secrétaire général de l’UMP. Il se contente de souligner que le plan « mêle les valeurs républicaines, telles que le mérite, la réussite, l’égalité des chances ou le respect de la loi à des moyens concrets à la hauteur des besoins ». Mais en terme de moyens concrets, Fadela Amara émet un doute : la secrétaire d’Etat estime que si le plan propose une « vraie dynamique », il « restera, évidemment, la question de la fiscalité. »
Doute qui s’est rapidement répandu dans les rangs de la gauche et du milieu associatif.
le Parti Socialiste dénonce unanimement l’absence de nouveauté et le manque de moyens du plan. Chacun s’exprime selon son style mais les propos restent invariablement les mêmes :
« Manque de souffle, de vision… recyclage d’un certain nombre de mesure qui existaient déjà » pour Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, « absence totale de moyens nouveaux » pour le secrétaire national au Parti socialiste à la rénovation urbaine, Vincent Lena. Quant à Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS à l’égalité, à la diversité et à la promotion sociale, il affirme sans détours que le plan « est d’ores et déjà un gadget, sans moyen et sans ambition »… En d’autres termes « le plan kärcher anti-glandouille a fait pschitt ! » s’amuse Aurélie Filippetti, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale.
La gauche unanimement contre
le Parti Communiste n’est pas plus tendre en qualifiant les propositions de Nicolas Sarkozy de « plan baudruche », tandis que Les Verts ironisent : « le plan Marshall promis s’est transformé en plan Marshmallow… Neuf mois de travail pour présenter un plan d’espoir déçu » déclare Anne Souyris, porte-parole nationale des Verts.
Les associations aussi sont dubitatives, si elles sont d’accord sur le fond, elles trouvent le plan trop imprécis et attendent des propositions de financement plus concrètes.
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme « le président de la République semble avoir rompu, à cette occasion, avec un discours de confrontation vis-à-vis des populations vivant dans les banlieues, il n’en demeure pas moins que le discours général qui a été énoncé reste beaucoup trop dans le constat et dans le « il faudrait faire ». (…) Nicolas Sarkozy devra très rapidement dire comment il finance les différentes propositions formulées et devra montrer qu’il est en mesure d’agir dans la durée ».
Associations : des réactions mitigées
La présidente du mouvement « Ni putes ni soumises » Sihem Habchi, avoue qu’elle est plutôt en accord avec les propositions gouvernementales en matière, notamment, de lutte contre les discriminations. Mais, je reste sur ma faim car la question des moyens n’a pas été abordée » ajoute-t-elle.
Quant à Mohammed Mechmache, du collectif AC le feu, il se réjouit parce que « le président a repris plusieurs idées qui figuraient dans les doléances des quartiers que nous avions récoltées : l’idée d’un contrat d’autonomie et que tous les ministres travaillent ensemble, ça c’est bien. Mais il ne nous a pas parlé des moyens et de la méthode. Il ne nous dit rien sur l’aide à apporter aux parents, alors que c’est essentiel. Il préfère insister sur les voyous, l’immigration ».
A tous les sceptiques, Michel Vialay, maire UMP de Mantes-La-Jolie, rappelle que « tous ces projets sont accompagnés de moyens mais le but d’un discours politique n’est pas de donner le détail de chaque ligne. » J’attends évidemment que les moyens puissent s’accentuer, mais nous percevons déjà un certain nombre de soutiens de l’Etat.»
Qu’ils soient pour ou contre les propositions, de droite ou de gauche, politiques et associations semblent d’accord sur un point : la question fondamentale de ce dossier reste bien celle de son financement.
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