Le courant ne passe plus entre la société nationale d’électricité sénégalaise et Vivendi. Le gouvernement sénégalais lance un ultimatum. Il donne dix jours à la compagnie française pour racheter, comme promis, la Senelec. Alors que les négociations s’étaient déroulées à la perfection, Dakar s’impatiente et semble soudain douter du sérieux de son partenaire.
Le 23 novembre dernier, Vivendi-environnement pouvait se féliciter d’avoir remporté l’appel d’offre pour la privatisation de la Senelec. Après le Gabon et le Maroc, la compagnie française s’attaquait au marché sénégalais. Les négociations se déroulent à la perfection. Le programme d’investissement de Vivendi pour relancer société nationale d’électricité du Sénégal voit très large. La Senelec obtient même la promesse d’une nouvelle centrale en 2003. Et la politique sociale du groupe français ravit les syndicats. Pourtant, depuis quelques jours, la signature se fait attendre. Lundi, le gouvernement craque et lance un ultimatum à son adjudicataire. Si rien n’est conclu dans dix jours, il choisit un autre acheteur.
Revirement éclair
Pourquoi ce revirement soudain ? En fait, le contrat aurait du être signé depuis bien longtemps. Vivendi ne cesse d’ajourner l’apposition de son paraphe. La compagnie tentaculaire argue d’un problème dans » le montage financier » de l’opération : elle aurait des difficultés à réunir les fonds. A la Senelec on ne croit pas beaucoup à cette excuse. » Jean-Marie Messier pourrait, à lui tout seul, payer les 63 milliards de francs cfa du rachat « , raille un responsable de la compagnie d’électricité sénégalaise.
Or pour le gouvernement, principal actionnaire de la Senelec, privatiser la compagnie est une priorité. La banque mondiale conditionne ses prêts à cette exigence. Et de toutes façons, la compagnie étouffe, par manque d’investissement. Le » délaissage « , les coupures de courant par saturation des centrales, paralyse l’économie du pays. Alors si Vivendi ne se décide pas avant le 18 février, minuit, la Sénelec partira à la recherche d’un autre acquéreur. Il semblerait que la société américaine AES-limited, et plus encore la française EDF, rayent avec impatience les jours sur leur calendrier, dans l’attente de l’expiration du délai.