Vivendi quitte les Comores


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En 1997, Vivendi et le gouvernement des Comores célébraient une alliance fructueuse. La multinationale acceptait de prendre à son compte le fonctionnement du réseau national de distribution d’électricité. Quatre ans après, Vivendi claque la porte. Et éteint la lumière en sortant. Enquête sur les zones d’ombres d’un archipel plongé dans le noir.

Le 6 décembre 2001 au soir, la Compagnie d’Eau et d’Electricité comorienne (CEE) gérée par Vivendi se déclare hors service. Si les ruptures de courant étaient fréquentes auparavant, à présent ce sont les moments où les ampoules éclairent qui créent l’événement. Les habitants sont furieux. Il y a en même qui pourchassent les techniciens de la CEE, désormais en chômage technique. Ils ont des raisons. L’archipel a confié son installation électrique délabrée à Vivendi.

Une brillante idée

L’idée, c’était celle des bailleurs de fonds internationaux. Il s’agissait pour les Comores de confier, en juin 1997, l’affermage du réseau de distribution d’eau et d’électricité en faillite à Vivendi. Pour célébrer l’événement, l’Agence française de développement injecte 60 millions de francs dans la toute nouvelle CEE. La Banque européenne pour l’industrialisation 6,6 millions, l’Etat du Koweit également, et l’Emirat de Shardjah 5 millions pour réparer les groupes de la principale centrale. Au total, la CEE aurait bénéficié d’un apport de 77,6 millions de francs pour la seule année 1997.

Mais dès les premières semaines, les relations entre les consommateurs et la nouvelle société virent à l’orage. La compagnie licencie environ 250 personnes dans les 6 premiers mois de son activité. De plus, elle augmente ses tarifs et baisse la luminosité des éclairages publics. En réponse, l’Association comorienne des consommateurs engage une campagne pour inciter les clients à ne pas payer leurs factures. Dès 1998, selon Ibrahim Mzimba, secrétaire général de la CEE :  » le vol par des branchements sauvages touche jusqu’à 75% de l’alimentation dans les villages.  »

Un contrat peu clair

La CEE ne rapporte rien. Elle perd 5 millions de francs la première année, 3 la seconde et jusqu’à 17 millions en 2000. Le gouvernement est paralysé par le contrat signé. Il ne sait comment obliger la CEE à améliorer ses services tandis que les usagers se plaignent perpétuellement. Finalement, c’est la multinationale elle-même qui met les poings sur la table. Elle incrimine le gouvernement, et exige qu’il mette en place une politique de lutte contre la fraude, qu’il règle sa dette envers l’entreprise qui s’élèverait, selon Vivendi, à 10 millions de francs, et qu’il améliore les relations de la CEE et de la SHC (Société nationale d’hydrocarbures).

Refus. La SHC argue des 2 millions que lui devrait Vivendi. La CEE ferme alors ses portes. Au bilan, l’argent injecté dans la CEE aura largement profité à la multinationale, compensant aisément les pertes. Les habitants de l’archipel, quant à eux, n’ont plus qu’à s’éclairer à la bougie.

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