Vendredi dernier, Macky Sall, ministre de l’Energie sénégalais, a officiellement annoncé que les tractations avec Vivendi/ONE pour le rachat de la Senelec étaient suspendues. Alors que le contrat était sur le point d’être signé, les relations de la compagnie française avec ses interlocuteurs sénégalais se sont brutalement dégradées. Dernier épisode d’un feuilleton à rebondissements.
Jusqu’au 9 février dernier, tout allait encore pour le mieux entre Vivendi ONE (Office national de l’électricité (Maroc), l’alliance de la compagnie française et de son partenaire marocain, et le ministère de l’Energie sénégalais. Contraint par le FMI de privatiser la Senelec, ce dernier croyait avoir trouvé l’acheteur idéal. Vivendi proposait 63 milliards de F cfa, un accord satisfaisant pour les syndicats et la construction d’une nouvelle centrale électrique. Mais le contrat tarde à être signé. Le gouvernement sénégalais s’impatiente, pose un ultimatum. Treize jours plus tard, soit vendredi dernier, c’est le clash.
La Senelec dans l’impasse
Manifestement, Vivendi et l’ONE ne parviennent pas à réunir les fonds promis. Ils proposent en définitive 42 milliards, plus un versement annuel à l’Etat pour l’exploitation de la société nationale d’électricité. L’Etat allègue que cette somme n’est pas conforme à l’appel d’offre initial, et suspend les négociations. Pris de court, il se retourne vers l’autre acquéreur en lice, l’américain Aes Frontier Ltd. Le calendrier fixé par le Fmi lui impose de vendre dans les plus brefs délais. Mais Aes n’offre que 43 milliards pour la Senelec, ce qui n’est guère plus que ce qu’avance Vivendi.
Pour Mustapha N’Diaye, porte-parole du ministère de l’Energie » vendre à ce prix là, c’est brader la Senelec. Et l’Etat s’y refuse. Nous envisageons à présent tous les scénarios, y compris la recapitalisation de la société par l’Etat lui-même « . Dans cette perspective, Dakar prétend faire fi des directives du bailleur de fonds. Un bras de fer serait donc envisageable entre l’Etat et le FMI.
Le mystère Vivendi
L’attitude de Vivendi dans cette tractation a pris tous les intervenants de court. On n’attendait pas de la prestigieuse multinationale qu’elle mette fin aux négociations pour manque de fonds. Apparemment, la compagnie n’aurait pas souhaité investir sur fonds propre. Dans une lettre du 18 février dernier à ses interlocuteurs sénégalaise, elle argue des tarifications prohibitives de ses partenaires pour la levée de sommes requises. Tactique commerciale ou pression des banques ? Ce qui est certain, c’est que le feuilleton Vivendi-Senelec connaît là son dernier rebondissement.