Le meurtre, samedi 24 juillet, de l’étudiant Honoré Shama Kwete de l’Université de Kinshasa, tué par un policier, laisse un goût amer dans l’opinion, en république Démocratique du Congo. Deux jours après ce drame, ses camarades ont protesté alors que les acteurs de la société civile, de l’opposition et du régime en place haussent le ton contre cette bavure policière.
Des voix se lèvent contre le meurtre de l’étudiant Honoré Shama Kwete, tué le samedi 24 juillet par un policier qui lui reprochait de ne pas porter le cache-nez, alors que la victime enregistrait avec ses camarades, une scène dans le cadre d’un travail pratique du cours de cinéma. Ce lundi, la tension était forte devant l’enceinte de l’Université de Kinshasa, où plusieurs étudiants ont protesté contre la mort de leur camarade. Sur place, ces étudiants en colère ont brulé des pneus et barré la route menant vers leur institution. D’après plusieurs témoignages, les éléments des forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène pour calmer les tensions lors de cette manifestation.
Manifestations à l'Unikin. Avec les rameaux en main, les étudiants manifestent contre la mort par balle de leur camarade à cause du cache-nez. @lusakuenoc @NgobilaM @HonoreMvula1 @GuyLoando_ @Franciskalombos @rkitsita pic.twitter.com/6211U010cM
— Urbaniste Fiston ILANGI NDEKE officiel (@NdekeFiston) July 26, 2021
Deux jours de deuil
Après ces manifestations, le Comité de gestion de cette institution publique a décrété deux jours de deuil en hommage à l’étudiant. Le Professeur Eustache Banza, Secrétaire académique de l’Université de Kinshasa a, dans une déclaration, condamné cet acte ignoble tout en indiquant que des enquêtes ont été ouvertes pour retrouver l’auteur de ce meurtre.
Policier en fuite
Après son forfait, le policier aurait pris la fuite. D’après le communiqué de la Police nationale congolaise, « deux présumes complices de Matondo Mwalimu sont en train d’être jugés en procédure de flagrance par le tribunal militaire garnison de Ngaliema », rassurant que « les recherches s’intensifient pour retrouver le présumé auteur, « Matondo Mwalimu, toujours en cavale », lit-on dans ce communiqué signé par Syvano Kasongo, Commandant ville de Kinshasa.
Interpellation du ministre de l’intérieur
En effet, suite au meurtre de l’étudiant Honoré Shamakwete, le député Addos Ndombasi a déposé une question orale avec débat à l’Assemblée nationale. Elle est adressée à Selo Okito Wa Koy, vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et et des Affaires coutumières. Selon Radio Okapi, cet élu dénonce les bavures policiers causant le décès de plusieurs étudiants congolais dont le dernier en date est celui de l’étudiant de l’Université de Kinshasa.
« La police est devenue le lieu de refuge de bandits de grands chemins et des criminels. Vu ces bavures policières, à répétition dans la ville de Kinshasa, nous avons déposé, ce lundi 26 juillet, une question orale avec débat au bureau de l’assemblée nationale adressée au vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières », a déclaré l’élu de Kinshasa.
« Absence de l’Etat de droit »
Après ce meurtre, des voix se sont levées au sein de la classe politique pour condamner cet acte. Selon l’opposant Martin Fayulu, le meurtre de l’étudiant Shama Kwete « témoigne de l’absence de l’Etat de droit ». Pour le député Claudel Lubaya, « parce qu’il n’y a pas de mauvaise troupe, la chaîne de commandement devra en répondre. Irrité par ce meurtre que je condamne, j’exprime toute ma solidarité à sa famille et à ses camarades ».
Même condamnation par l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), qui constate que les autorités congolaises « n’arrivent pas à contrôler les hommes de la police, c’est-à-dire leurs mouvements mais aussi l’utilisation des armes », a dénoncé son président, Maitre Georges Kapiamba.