Visite en Russie du commandant de son armée de terre : quel message l’Afrique du Sud veut-elle véhiculer ?


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Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20
Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20

Alors que la polémique au sujet de la supposée livraison d’armes par l’Afrique du Sud à la Russie ne s’est pas encore totalement calmée, le commandant de l’armée de terre sud-africaine a débuté, ce lundi, une visite à Moscou. L’Afrique du Sud entend-elle envoyer de la sorte un message aux Occidentaux ?

Le commandant de l’armée de terre sud-africaine, le lieutenant-général Lawrence Mbatha, a commencé un séjour en terre russe, ce lundi. La visite, qui n’était pas annoncée au préalable, l’a été seulement une fois que le Sud-Africain a foulé le sol moscovite. Et c’est le ministère russe de la Défense qui s’est chargé de donner la nouvelle via un communiqué. Au cœur de cette visite, des « questions de coopération militaire » en vue d’« accroître la préparation au combat des forces armées des deux pays », révèle le communiqué. Également dans l’agenda du responsable militaire sud-africain et de sa délégation, la signature d’accords sur le renforcement de la coopération entre les forces terrestres des deux pays dans divers domaines, la visite « des établissements de formation des forces terrestres et des entreprises du complexe militaro-industriel » russes.

Un moment bien choisi

En temps normal, une telle visite n’a rien de spécial. Elle entre dans les pratiques habituelles entre des pays amis soucieux de renforcer leur coopération militaire. Seulement voilà. Ladite visite intervient moins d’une semaine après l’accusation portée par les États-Unis – à travers leur ambassadeur à Pretoria – contre l’Afrique du Sud qui aurait livré des armes à la Russie. En dépit de la neutralité dont le pays de Cyril Ramaphosa s’est toujours targué, depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, il y a plus d’un an. La visite intervient donc à un moment où la situation semble tendue entre les États-Unis et l’Afrique du Sud. Une telle visite à un tel moment a tout l’air d’un message que la partie sud-africaine a voulu adresser aux États-Unis et leurs alliés.

Une neutralité clairement revendiquée

Avant cette visite, les Présidents sud-africain et russe ont eu, la semaine dernière, une communication téléphonique, pour montrer au monde entier leur volonté de développer davantage leur coopération. L’Afrique du Sud n’entend pas faire le jeu des puissances mondiales qui lui mettent des « pressions extraordinaires » pour l’obliger à choisir un camp dans le conflit russo-ukrainien, a rappelé Cyril Ramaphosa, ce lundi. Le pays tient à sa neutralité, comme l’a encore martelé, aujourd’hui, son Président : « Nous n’acceptons pas que notre position de non-aligné favorise la Russie par rapport aux autres pays. Nous n’acceptons pas non plus que cela mette en péril nos relations avec d’autres pays », a-t-il insisté. Voila le message que l’Afrique du Sud donne au monde entier et particulièrement aux puissances qui veulent lui faire prendre parti.

Rappelons que l’Afrique du Sud et la Russie sont tous deux des pays du BRICS et qu’ils ont fait des manœuvres militaires communes avec la Chine, il y a tout juste trois mois, au large des côtes sud-africaines. D’ailleurs, en août, les BRICS tiendront leur sommet en Afrique du Sud.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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