La visite d’Etat du président Bouteflika en France constitue un spectaculaire retournement de situation après des années de brouille avec Paris. Ce serait le second voyage de la présidence algérienne après celui de Chadli Benjedid au début des années 80.
La visite d’Etat du président Bouteflika en France constitue un spectaculaire retournement de situation après des années de brouille avec Paris. Prévue pour mi-juin, il s’agira du second voyage officiel d’un chef d’Etat algérien depuis la venue de Chadli Benjedid en novembre 83.
La tension a été particulièrement perceptible sous le règne du général-président, Liamine Zeroual. Elle s’était accrue avec l’élection d’Abdelaziz Bouteflika le 15 avril 1999.
Quand Paris s’était déclaré « préoccupé » à l’issue d’un scrutin boycotté par la majorité des partis politiques, le nouveau chef d’Etat s’était d’abord illustré par de violentes diatribes contre la diplomatie hexagonale à l’égard de l’Algérie.
Le tournant est pris quelques mois plus tard, lors de la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Hubert Védrine qui découvre un président capable de se montrer tout aussi ombrageux que chaleureux. Cette fois-ci se sera la chaleur : Bouteflika annonce une relance de la coopération franco-algérienne et invite Jacques Chirac et Lionel Jospin à se rendre sur son territoire.
La Botte plutôt que l’Hexagone
Mais quand quelques jours plus tard, Hubert Védrine déclare que le président algérien effectuera une visite éclair à Paris avant une réunion de l’ONU, Bouteflika répliquait avec morgue qu’une simple escale à Paris ne présentait pas d’intérêt à ses yeux.
Au lieu de cela, il effectuait une visite officielle en Italie et rencontrait les entrepreneurs italiens qui concurrencent rudement leurs homologues français sur un marché intérieur en pleine ouverture.
Car si la susceptibilité explosive d’Abdelaziz Bouteflika fait désormais partie des annales de la diplomatie jospinienne, elle témoigne d’un vrai soucis de changer les bases des relations entre les deux pays. Relations marquées il est vrai par des liens affectifs au vu du nombre d’Algériens vivant sur le sol français. Message reçu ? Il faudra sans doute plus que quelques mois pour en avoir la réponse.