François Hollande est arrivé ce jeudi matin en Côte d’Ivoire, où il a été accueilli par son homologue ivoirien Alassane Ouattara à l’aéroport d’Abidjan. Une visite avant tout économique. Paris qui doit faire face à la concurrence chinoise en Afrique ne veut pas être laissée pour compte, surtout dans un pays où la croissance est depuis trois ans à deux chiffres.
C’est en Côte d’Ivoire que François Hollande a entamé sa tournée africaine, qui le conduira dans deux autres pays : le Niger et le Tchad. Si le président français a reçu quatre fois son homologue ivoirien Alassane Ouattara, que l’on sait plus proche de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, c’est la première fois que lui met les pieds à Abidjan depuis son élection. Une visite qui avait été programmée depuis très longtemps mais reportée à plusieurs reprises en raison des tracas de santé du chef d’Etat ivoirien.
François Hollande était donc très attendu en Côte d’Ivoire. Dès l’entrée de l’aéroport on y voit une gigantesque affiche le montrant serrant la main de son homologue ivoirien. Et il n’est pas rare de voir son visage sur une affiche au détour d’une rue de la capitale ivoirienne. De son côté, Paris n’a pas lésiné sur les moyens pour faire de cette visite, placée avant tout sous le signe de l’économie, une réussite. Le dirigeant français est accompagné par une dizaine d’entrepreneurs de l’Hexagone, ainsi que du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, et du ministre de la Défense Jean-Yves Le-Drian. Des personnalités ivoiriennes telles que le leader du groupe Magic System A’salfo, l’auteure de la célèbre bande-dessinée Aya de Yopougon Marguerite Abouet, ou encore la championne de judo Priscilla Gneto ont également été conviés par François Hollande à ce voyage.
Vues sur la croissance ivoirienne à deux chiffres
Au menu, entre autre, un Forum économique sur la ville durable qu’il clôturera en présence du président Ouattara. Il signera notamment un accord de coopération « pour que la Côte d’Ivoire s’équipe en matière de justice et solde les comptes de la crise ». La question de la réconciliation nationale ne sera qu’une infirme partie de la visite du chef d’Etat. Ce sont d’abord des enjeux économiques qui sont au cœur de sa venue en Côte d’Ivoire. Il faut dire qu’avec une croissance à deux chiffres, environ 10% depuis trois ans, l’économie du pays est alléchante pour beaucoup. Face au géant chinois qui lui fait de l’ombre et grignote de plus en plus de part de marché en Afrique, Paris ne veut pas être en reste. Et refuse de laisser le marché ivoirien lui filer entre les doigts. D’où la ribambelle d’entrepreneurs français aux côtés du chef d’Etat français qui espèrent signer de juteux contrats.
L’enjeu économique pour Paris est donc de taille d’autant que près de 200 filiales d’entreprises françaises sont présentes en Côte d’Ivoire, et pas moins de 400 petites et moyennes entreprises (PME) tenues par des Français, représentant près de 35 000 emplois et 50% des impôts sur le bénéfice qui entrent dans les caisses de l’État ivoirien.
La question sécuritaire au Sahel sera aussi l’autre enjeu de la tournée africaine du chef d’Etat français, qui poursuivra son périple au Niger puis au Tchad après la Côte d’Ivoire. La France qui a mis un terme officiellement à l’opération Serval lancée en janvier 2013 au Mali pour repousser les groupes terroristes dans le nord, veut redéployer ses forces dans la région. Paris va prochainement lancer une nouvelle opération baptisée Barkhane, qui regroupera les opérations de Serval, dans le but de lutter contre le terrorisme au Sahel. Elle sera mise sur pied en partenariat avec les cinq pays de la zone Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. Barkhane vise en effet à élargir à l’ensemble du Sahel l’action de l’armée française contre les groupes terroristes qui menacent la région.