Le président russe Vladimir Poutine est arrivé ce lundi au Caire pour une visite officielle de deux jours en Egypte. Il va rencontrer son homologue Abdel Fattah al-Sissi désireux de s’émanciper de la dépendance de son pays vis-à-vis des Etats-Unis. La lutte contre l’Etat islamique et le renforcement de la coopération économique entre les deux pays sont au cœur des discussions.
L’annonce du président russe, Vladimir Poutine, sur la possibilité de pratiquer des opérations en devises nationales entre la Russie et l’Egypte donne le ton, ce lundi, de sa visite officielle de deux jours au Caire. Le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, envoie un message clair aux américains : son pays veut s’émanciper des Etats-Unis. Le volet économique occupe une grande place dans les discussions au côté de celui sécuritaire sur la lutte contre l’Etat islamique, rapporte l’agence de presse russe Sputnik.
Front anti-dollar
Vladimir Poutine aurait-il un nouvel allié dans sa lutte contre l’impérialisme américain ? Le président russe tente de rallier l’Egypte dans son front anti-dollar. Après les sanctions américaines contre la Russie, suite à l’annexion de la Crimée, le chef d’Etat russe a cherché à développer les échanges économiques bilatérales en utilisant les devises nationales, notamment avec l’Iran et la Chine. L’ancienne Union soviétique cherche à s’affranchir des transactions effectuées en dollars pour s’émanciper de la domination qu’exercent les Etats-Unis. Ce pays bénéficie ainsi de meilleurs taux d’intérêt sur leurs obligations que leur « partenaires », étant mieux noté, par des agences de notation américaines, donc considéré comme plus fiable.
« Nous utilisons déjà des devises nationales dans nos échanges avec plusieurs pays de la CEI [[La Communauté des Etats indépendants, créée en 1991, est une organisation intergouvernementale composée de 9 des 15 anciennes républiques soviétiques : l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l’Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. Elle veut développer une meilleure intégration économique et militaire entre les Etats membres]] et la Chine. Cette pratique fait ses preuves, et nous sommes prêts à l’appliquer dans nos relations avec l’Egypte également. La question est actuellement à l’étude au niveau des ministères compétents des deux côtés », a indiqué le président russe au cours d’une interview au quotidien égyptien Al Ahram.
Vers un partenariat militaire ?
Le ministre égyptien de l’Industrie, Mounir Fakhri Abdel Nour, a annoncé de plus la signature d’un contrat entre l’entreprise de gaz russe Gazprom et la compagnie nationale gazière égyptienne EGAS sur la livraison de gaz naturel liquéfié pendant cinq ans.
L’Egypte s’est inquiété de sa dépendance vis-à-vis de son partenaire américain quand il a interrompu son aide militaire en 2013 pour protester contre la répression dont le régime égyptien faisait preuve envers les Frères musulmans. Les Etats-Unis ont versé près d’1,5 milliard de dollars d’aide à ce pays en 2014, essentiellement militaire.
Comment l’Etat islamique reçoit du pétrole ?
La lutte contre l’Etat islamique constitue le deuxième grand axe des discussions. Ces deux pays cherchent à développer « une coopération accrue pour lutter contre le terrorisme international », selon le Kremlin. Les deux chefs d’Etat ont ainsi abordé « l’ensemble des questions relatives à la lutte contre les islamistes radicaux, y compris la question de savoir où et comment ces derniers reçoivent du pétrole qui constitue leur principal moyen d’existence », avait indiqué Iouri Ouchakov, le conseiller diplomatique du chef de l’Etat russe.
Les djihadistes sont très actif en Egypte, notamment dans la péninsule du Sinaï où ils multiplient les attentats. Le rôle des Américains qui soutiennent militairement le front anti-Assad (le chef d’Etat syrien) en Syrie, dont fait partie l’Etat islamique, pose problème à ce pays d’Afrique du nord où sévit aussi cette organisation terroriste.
Ce sont donc les deux piliers de la coopération entre l’Egypte et les Etats-Unis, les partenariats économiques et l’aide militaire, qui occupent les discussions entre Vladimir Poutine et Abdel Fatah al-Sissi. Les deux présidents vont aussi aborder les conflits en Syrie, en Irak, en Libye et la crise israélo-palestinienne.