Pour la première fois dans l’histoire, un président américain foulera le sol angolais. Du 13 au 15 octobre prochain, Joe Biden effectuera une visite d’État en Angola, un pays devenu clé dans la stratégie américaine en Afrique. Ce déplacement marquera une étape importante dans les relations entre Washington et Luanda. Il aura pour objectif de renforcer la coopération économique et sécuritaire entre les deux nations.
Quels sont les enjeux de cette visite ? Pourquoi l’Angola a-t-il été choisi pour cette première historique ?
Un rendez-vous diplomatique et économique majeur
La visite de Joe Biden en Angola ne se limitera pas à des échanges protocolaires. Au cœur des discussions entre le président américain et son homologue angolais João Lourenço figureront des sujets essentiels. Il s’agira entre autres du partenariat économique, de la sécurité régionale, et les efforts communs pour la transition énergétique.
L’Angola, qui héberge l’ambitieux projet du Corridor de Lobito, est devenu un partenaire prioritaire des États-Unis dans la région. Ce projet transcontinental, visant à relier l’océan Atlantique à l’océan Indien via la RDC et la Zambie, représente le plus important investissement américain dans le secteur ferroviaire africain. Un symbole fort des ambitions économiques de Washington sur le continent.
Lutte d’influence avec la Chine : une nouvelle donne géopolitique
Ce voyage en Angola est également une réponse directe à l’influence croissante de la Chine en Afrique. Depuis des décennies, Pékin investit massivement dans les infrastructures africaines, notamment dans des projets miniers en RDC et en Zambie. En visitant les chantiers du Corridor de Lobito, Joe Biden entend renforcer la présence américaine et promouvoir des partenariats basés sur des intérêts mutuels. Les États-Unis, avec le soutien de l’Union européenne, voient dans ce projet un moyen de contrebalancer les avancées chinoises en matière d’infrastructures et de ressources naturelles.
Renforcement des liens bilatéraux depuis 2020
Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en 2020, les relations entre Washington et Luanda ont connu un net réchauffement. Cette dynamique s’explique en partie par l’élection de João Lourenço en 2017, qui a succédé à José Eduardo dos Santos, président autoritaire durant 38 ans. Lourenço s’est distingué par sa volonté de diversifier les alliances économiques de l’Angola, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis de la Chine et de la Russie. Le déplacement de Biden est donc une reconnaissance des efforts de Lourenço pour ouvrir davantage son pays aux partenariats occidentaux.
Un contexte interne angolais sous tension
Cependant, cette visite s’inscrit dans un contexte politique complexe pour l’Angola. Malgré les réformes engagées par Lourenço, le pays fait face à des critiques croissantes concernant les restrictions des libertés civiles, notamment les médias et les manifestations. Des ONG de défense des droits de l’homme et des militants de l’opposition dénoncent ces mesures, alors que la pauvreté et le chômage restent endémiques, ce qui affecte notamment les jeunes. Ce climat politique tendu pourrait influencer les discussions entre les deux dirigeants, qui devront aborder, en plus des enjeux économiques, la question des réformes démocratiques.