Face à la montée de la puissance de la Chine en Afrique, Paris compte bien rester le premier partenaire économique de l’Algérie. Alger se voit de plus en plus courtisé par Paris pour ne pas perdre sa place.
En à peine deux semaines, deux ministres français se sont succédés à Alger. Il y a d’abord eu une première visite du ministre français de la Défense Jean Yves Le Drian, puis le chef de la diplomatie Laurent Fabius, qui a quitté la capitale algérienne lundi, après une visite de deux jours.
L’Algérie est plus que jamais courtisée par la France. Cette dernière a besoin de son soutien dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, mais compte aussi préserver son partenariat économique avec le pays. « La France veut rester le premier partenaire économique de l’Algérie », a affirmé Laurent Fabius devant les médias locaux. « Il s’agira d’axer la concurrence entre les partenaires autour du seul intérêt de l’Algérie », a indiqué, lundi, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, soulignant que dans le cas de la France, premier investisseur hors hydrocarbures, « le partenariat sera ouvert à tous les secteurs prioritaires de l’Algérie ». « Nous travaillons ensemble sur le partenariat économique, au cours des relations entre la France et l’Algérie », a pour sa part renchéri Laurent Fabius, reçu par le Président Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Il faut dire que Paris, et ce n’est un secret pour personne, voit d’un mauvais œil la montée de la puissance de la Chine sur le continent. D’autant que la France est le troisième client de l’Algérie, essentiellement dans le secteur des hydrocarbures. Elle, qui avait été pendant longtemps son premier fournisseur, a été détrônée pour la première fois par la Chine, en 2013, selon des chiffres officiels algériens. Avec des réserves de change de 200 milliards de dollars et des revenus annuels d’environ 60 milliards de dollars, l’Algérie souhaite rénover son économie, entièrement dépendante des hydrocarbures.
« La Chine dans le viseur de Paris »
L’Algérie a accordé à 50 entreprises chinoises des contrats de BTP d’une valeur totale de 20 milliards de dollars. Et la réalisation du méga-projet de la grande mosquée d’Alger, d’un budget prévu d’un milliard et demi de dollars, a été confiée à la société China State Construction Engineering Corporation (CSCEC). La construction du complexe, entamée le 16 août 2012, devrait s’achever en 2015. De leur côté, les entreprises françaises ont perdu du terrain. Le groupe pétrolier algérien Sonatrach a annulé, en mars, un projet de construction d’usines d’un montant de cinq milliards de dollars, en négociation depuis 2007 avec le groupe français Total, en raison d’un différend sur le prix du gaz.
Raison pour laquelle Laurent Fabius a été forcé d’admettre qu’il n’est pas illégitime que la Chine, première puissance économique mondiale, soit présente en Algérie. Pour autant, selon lui, « la France reste pour le moment le premier partenaire économique de l’Algérie dans l’ensemble, englobant les échanges des biens et services, ainsi que le niveau des investissements ». Il a également annoncé l’organisation de rencontres annuelles au plus haut niveau pour « amplifier » la coopération économique bilatérale. « Les réunions entre les Premiers ministres prévues tous les deux ans, se tiendront désormais une fois par an », selon Laurent Fabius, précisant que le Premier ministre algérien se rendrait à Paris en décembre prochain ou en janvier 2015.
Pour le chef de la diplomatie française, les secteurs des transports, de l’agro-alimentaire et la pharmacie, qui ont enregistré, selon lui, des évolutions « remarquables » au cours des dernières années, affirmant qu’il y a « beaucoup de domaines où on peut amplifier notre coopération, comme l’aéronautique civile et militaire, le tourisme et les petites et moyennes entreprises ».
Jusqu’au bout donc, Paris, par la voix de Laurent Fabius, aura tenté de séduire l’Algérie. Toutefois, il y a eu un grain de sable dans cette opération de séduction : l’assoupissement de Laurent Fabius en pleine réunion officielle, et qui aura heurté plus d’un Algérien.