Mahamat Idriss Déby est dans le collimateur de la justice française. Le dirigeant est visé par une enquête pour biens mal acquis dans une affaire d’achats de vêtements luxueux pour plus de 900 000 euros.
En France, une enquête a été ouverte contre le Président du Tchad, Mahamat Idriss Déby. C’est le Parquet national financier (PNF) qui gère l’affaire contre le Président tchadien pour détournement de fonds publics et recel. Cette enquête fait suite à la publication en décembre 2023 d’un article de Mediapart qui évoquait des dépenses vestimentaires dépassant les 900 000 euros effectuées en France par Mahamat Idriss Déby.
Selon Mediapart, les sommes ayant servi à faire ces achats proviennent de « versements opérés depuis une mystérieuse société baptisée MHK Full Business, enregistrée à N’Djamena et disposant d’un compte au sein de la Banque commerciale du Chari (BCC) ». Cette affaire pourrait déboucher sur une enquête plus générale sur le patrimoine immobilier détenu en France par le clan Déby, selon une analyse des médias français.
Pas d’inquiétude au Tchad
À N’Djaména, on n’est pas du tout inquiété par cette affaire. « Nous espérons que cette enquête établira la vérité et dissipera l’intention de nuire à la réputation du président de la République du Tchad, l’homme neuf de valeurs qui a dirigé une transition politiquement et historiquement réussie », a confié à l’AFP Armand Gambaye Djegoltar Ndjerakor, un conseiller à la communication du dirigeant tchadien. Dans son livre De Bédouin à Président, publié en mars 2024 aux Éditions VA, Mahamat Idriss Déby était déjà personnellement revenu sur cette affaire qui, pour lui, n’est qu’« un symbole de la manipulation en politique ».
Dénonçant un « tapage médiatique absurde », le Président tchadien a insisté sur sa préférence prononcée pour les habits traditionnels de son pays au détriment des costumes dont il n’a jamais été un « adepte ». Ainsi, le Tchad est sur le point de grossir la liste des pays africains dont les dirigeants sont épinglés dans des affaires de biens mal acquis en France.
Biens mal acquis en France
Depuis les années 2000, plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes en France, visant des dirigeants africains soupçonnés d’avoir acquis un patrimoine immobilier et mobilier luxueux sur le sol français avec de l’argent détourné de leurs pays. Parmi les cas les plus médiatisés figurent ceux de la famille Bongo du Gabon, de Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale, et de Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville.
Ces affaires ont révélé l’existence de dizaines de propriétés, de voitures de luxe et de comptes bancaires bien garnis, soulevant des questions sur la complicité potentielle de certains acteurs français. Les procédures judiciaires, souvent longues et complexes, ont parfois abouti à des saisies et des condamnations, comme dans le cas de Teodorin Obiang, fils du président équato-guinéen, condamné en 2020 à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende.