Virunga : un centenaire sous tension pour le plus ancien parc d’Afrique


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Gardes du parc de Virunga
Gardes du parc de Virunga

Le parc national des Virunga fête ses cent ans dans un climat d’insécurité et de tensions croissantes. Entre attaques armées, exploitation illégale et sacrifices des éco-gardes, ce joyau naturel de la République démocratique du Congo lutte pour sa survie.

Le parc national des Virunga, joyau naturel de la République démocratique du Congo, célèbre cette année son centenaire. Pourtant, derrière les festivités et les hommages, plane l’ombre des conflits armés et des menaces incessantes qui fragilisent l’avenir de ce site exceptionnel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un anniversaire dans un climat d’insécurité permanente

Fondé en 1925, le parc des Virunga s’étend sur plus de 7 800 kilomètres carrés dans l’est du Congo, une région meurtrie par plus de deux décennies de guerre. Refuge pour une faune unique, il est aussi devenu, malgré lui, un terrain d’affrontement pour divers groupes armés. Les rebelles du M23, les Forces démocratiques alliées (ADF) et d’autres factions anonymes y mènent régulièrement des attaques, notamment contre les éco-gardes qui tentent de protéger cette terre précieuse.

Depuis vingt ans, plus de 300 de ces gardiens ont perdu la vie, victimes des balles des groupes armés ou des braconniers. Récemment encore, près de Rumangabo, plusieurs patrouilles ont été la cible d’assauts violents, illustrant l’extrême dangerosité du travail de conservation dans cette zone instable.

Une exploitation illégale qui dévore le parc

Outre l’insécurité, le parc doit faire face à un autre fléau : l’exploitation illégale de ses ressources naturelles. Environ 35 % de sa surface est aujourd’hui utilisée de manière frauduleuse, principalement pour l’agriculture de subsistance et la production de charbon de bois, un commerce lucratif alimenté par la pauvreté et l’absence d’alternatives économiques. Cette déforestation massive met en péril les écosystèmes uniques du Virunga, où vivent notamment les célèbres gorilles de montagne.

Malgré les efforts des équipes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), le manque de moyens, conjugué à la violence persistante, complique toute tentative de réhabilitation durable.

Virunga, un symbole de résilience

Face à ces défis, le parc des Virunga demeure un symbole puissant de résilience et d’espoir pour la région. Emmanuel de Merode, directeur du parc, insiste sur l’importance de ce sanctuaire naturel : au-delà de la protection de la biodiversité, le Virunga joue un rôle crucial dans le bien-être économique et social des communautés locales. Ses forêts, ses rivières et ses terres fertiles sont des sources de vie pour des milliers de Congolais.

En appelant la communauté internationale à soutenir les efforts de conservation et à exercer des pressions sur les groupes armés, les défenseurs du parc veulent rappeler que l’avenir du Virunga concerne bien plus que l’Afrique centrale. Il s’agit de préserver un patrimoine universel, mais aussi de donner un souffle d’espoir à une région qui aspire à la paix et à la reconstruction.

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