Violées, torturées, soumises à l’esclavage sexuel, atteintes du VIH, leurs corps détruits – voici le sort réservé à des centaines de milliers de victimes des conflits qui ravagent la République démocratique du Congo depuis une dizaine d’années. Avec la « transition démocratique », on aurait pu espérer une diminution du nombre de tels crimes, mais ils continuent d’être perpétrés avec la même ampleur. Des bébés de six mois, des femmes de 70 ans, n’échappent pas à la terreur.
A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la
violence à l’égard des femmes, la FIDH appelle à une mobilisation
internationale contre les violences sexuelles en RDC*
Paris, Kinshasa, le 23 novembre 2007 FIDH
Dans l’est du Congo, avec la résurgence du conflit au Nord-Kivu, les
violences sexuelles se multiplient. Là, ainsi qu’au Sud-Kivu, en Ituri
et au Katanga, femmes, hommes et enfants sont les cibles de viols,
utilisés comme arme de destruction des populations. Ces crimes se
distinguent non seulement par leur ampleur mais aussi par leur cruauté.
Leurs auteurs, miliciens, insurgés, rebelles, mais également des membres de l’armée congolaise, jouissent d’une impunité quasi-absolue.
Du fait de cette culture d’impunité, les violences sexuelles se sont
banalisées et se développent dans le reste du pays, y compris dans la
capitale, Kinshasa. Parmi les nombreuses victimes qui osent dénoncer ces crimes, seule une proportion infime parvient à obtenir la condamnation des responsables.
Lors d’une mission d’information qui s’est rendue au mois de novembre
2007 à Kinshasa, la FIDH a recueilli le témoignage d’une fillette de 10
ans, accostée sur son chemin vers l’école, violée à plusieurs reprises
puis séquestrée pendant des jours. Une plainte a été déposée auprès de la police à Kinshasa, mais le suspect, arrêté brièvement, a été libéré
aussitôt, pendant que la petite fille restait détenue par les autorités.
Une seconde plainte devant le parquet a connu un sort identique : selon
plusieurs sources, la liberté du criminel aurait été achetée. La victime
doit, au-delà des souffrances physiques et psychologiques perpétrées à
son encontre, affronter le rejet de sa propre famille. Elle est hébergée
depuis un an dans un centre de soins.
Le gouvernement congolais avait fait un pas en adoptant, il y a plus
d’un an, deux lois sur la répression des violences sexuelles, mais elles
restent à ce jour inappliquées. Certes, 6 militaires ont été condamnés
pour viol, dans le cadre du procès de Songo Mboyo (1) sous la
qualification de crimes contre l’humanité, mais ils sont parvenus à
s’évader de leur prison. « Que représentent une poignée de condamnés
libérés au regard des milliers de criminels encore en liberté et qui
tous jouissent de l’impunité ? » s’interroge Souhayr Belhassen,
Présidente de la FIDH. « Nous exigeons que soient mis en place des
moyens de répression systématique et exemplaire des criminels auteurs de violences sexuelles. Nous exigeons que cette répression vise tous les
criminels, quels qu’ils soient, quelle que soit leur fonction, et où
qu’ils se trouvent» a-t-elle ajouté.
La FIDH appelle une fois de plus le gouvernement congolais à faire
preuve de sérieux dans la lutte contre les violences sexuelles, en
adoptant la loi sur la coopération de la RDC avec la Cour pénale
internationale, ainsi que le Protocole additionnel à la Charte africaine
des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en
Afrique.
A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la
violence à l’égard des femmes, la FIDH et ses organisations membres en
RDC, l’ASADHO, la Ligue des Électeurs et le Groupe Lotus, lancent un
appel à tous les acteurs de la communauté internationale pour qu’ils
prennent enfin conscience de l’extrême gravité du drame qui est en train
de se dérouler en RDC et que toutes leurs ressources soient mobilisées
pour protéger la population et prévenir ces crimes.