La lutte contre l’impunité pour mettre un terme aux viols en série dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les eurodéputés l’ont martelé jeudi au Parlement de Strasbourg. Ils ont invité le président Joseph Kabila à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) pour réduire les violences dans cette région. La veille, les Nations unies ont publié un rapport accablant où l’organisation affirme que les viols en 2010 au Nord-Kivu pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
« Un silence absolu, une impunité inacceptable », s’est insurgé Raül Romeva, eurodéputé espagnol des Verts. Les parlementaires européens ont réaffirmé ce jeudi la nécessité pour le gouvernement de Joseph Kabila de lutter contre l’impunité pour mettre fin aux agressions sexuelles en masse commises dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ils ont invité le chef de l’Etat à traquer les auteurs de ces crimes et à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) dans cette optique.
Les viols, « des crimes contre l’humanité»
Les propos des élus européens font écho au rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) publié ce mercredi. Il indique que les viols commis entre le 30 juillet et le 2 août 2010 sur les 200 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons par des groupes armés pourraient constituer des crimes contre l’humanité. « Du fait que ces attaques ont été planifiées à l’avance et menées de manière systématique et ciblée, elles pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre», affirme les enquêteurs. Les attaques ont eu lieu dans 13 villages du Walikale, dans le Nord-Kivu. Les agresseurs se sont également livrés à des enlèvements et des pillages, lit-on dans le rapport. Navi Pillay, la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a affirmé que « le gouvernement congolais a la responsabilité première de protéger sa propre population ». Cependant, poursuit-elle, « j’ai aussi l’obligation de faire appel à la communauté internationale pour reconnaître l’insécurité qui prévaut dans la région et mieux équiper la Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC) pour lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat de protection ».
Un colonel et ses hommes se rendent
Ce jeudi, le colonel Nyiragire Kulimushi et 116 soldats accusés d’avoir commis des viols en juin dans les villages de Nyakiele, Kanguli et Abala, au Sud-Kivu, se sont rendus. L’ancien déserteur de la milice Maï-Maï aurait été contraint de sortir de la brousse par les autorités congolaises. Des éléments des groupes rebelles Maï-Maï, ceux des hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des forces du colonel Emmanuel Nsengiyumva, un colonel congolais qui a rejoint la rébellion début 2010, sont les principaux auteurs des agressions sexuelles dans la région instable de l’est de la RDC, rapporte RFI. Cette région, qui échappe au contrôle du gouvernement congolais, est devenu un calvaire pour les habitants qui y vivent, notamment pour les femmes. A tel point que Margot Wallstrom, l’envoyée spéciale des Nations unies pour les violences faites aux femmes et aux enfants en zones de conflits, a affirmé le 27 avril 2010 que la RDC était « la capitale mondiale du viol ».