Violents affrontements entre les forces de l’ordre et le FNDC : retour sur une journée agitée à Conakry


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Des pneus brûlés dans les rues de Conakry
Des pneus brûlés dans les rues de Conakry

La journée du jeudi 16 février 2022 n’a pas été paisible pour les habitants de la banlieue de Conakry. En effet, le Front national de défense de la Constitution (FNDC) a appelé à une manifestation qui a rapidement dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre. Le bilan varie de part et d’autre.

En Guinée, les leaders du FNDC n’ont jamais accepté la dissolution de leur plateforme par la junte militaire dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. Ce jeudi, après une longue trêve, ils ont appelé à une manifestation. Cette dernière brave non seulement la décision de dissolution de leur mouvement, mais également celle interdisant tout rassemblement sur toute l’étendue du territoire guinéen. L’objectif de la marche prévue : demander la libération de leurs leaders emprisonnés depuis plusieurs mois, une gestion transparente de la transition, un dialogue inclusif inter-guinéen et par-dessus tout, un retour à l’ordre constitutionnel.

Très vite, les manifestants ont érigé des barricades sur les principales rues sur lesquelles ils ont également renversé des poubelles. Rapidement, les manifestations ont donné lieu à de violents affrontements entre manifestants et forces de défense et de sécurité déployées pour leur barrer la route et les empêcher de se réunir à la Tanerie, le point de départ de leur marche.

La guerre des bilans

Après ces violents heurts, place au bilan. Bien évidemment, il varie selon que l’on soit du côté du FNDC ou des forces de l’ordre. En effet, dans un communiqué publié jeudi soir, le FNDC déplore la mort par balles de deux jeunes : Ibrahima Diallo, apprenti mécanicien poids lourds, âgé de 16 ans à Sonfonia gare ll, et Abdoul Karim Bah, âgé de 19 ans, un Concasseur. Le père du premier a confirmé à Guineenews le décès par balle de son fils « alors qu’il n’était pas mêlé aux manifestations ». Les tentatives pour secourir le jeune dans des structures sanitaires ont été vaines. Son « corps a été transféré à la morgue de l’hôpital Ignace Deen », a confié Mamadou Diallo.

Dans son communiqué, le FNDC déplore également 58 blessés dont certains par balles, 47 arrestations de « paisibles citoyens à leur domicile », des « vols » de 7 morts tués par les forces de défense et de sécurité. « On dénote aussi des expéditions punitives et d’incursions dans des domiciles privés, des actes de pillages et d’injures publiques proférées par les forces de défense et de sécurité à l’encontre des riverains et des militants pro-démocratie », conclut le communiqué.

Pour la police par contre, dans un communiqué publié jeudi soir également, il y a eu sept blessés parmi les forces de l’ordre : six policiers et un gendarme, et sept interpellations sur la route Le Prince, lieu des accrochages. La police parle également de nombreux véhicules, des forces de l’ordre ainsi que des civils, caillassés par les « loubards ».

Des coups de feu entendus

Ce qui semble certain, c’est que des coups de feu auraient été entendus par plusieurs témoins. D’ailleurs, le site Guineenews rapporte qu’après plusieurs heures d’affrontements violents avec les manifestants, les éléments des forces de sécurité déployés vers les rails de Cosa avaient épuisé leurs réserves de gaz lacrymogènes. Ce qui a donné un avantage aux manifestants qui ont réussi à les repousser. Jusqu’à ce que les éléments du Bata ne fassent des tirs de sommation à balles réelles pour disperser les manifestants.

Ces tirs auraient blessé des manifestants, dont un jeune élève du nom de Aboubacar Camara habitant le quartier Nassouralaye 2. « Je ne faisais pas partie des manifestants et j’étais juste assis au bord de la route. C’est après la prière de 14h qu’une tante m’a appelé pour aller manger. Après là-bas, je suis parti m’asseoir à côté d’un voisin qui gère une boutique. C’est là que la balle m’a touché. C’est ainsi que mon ami m’a pris pour m’accompagner dans une clinique où la balle a été extraite de mon corps », a témoigné la victime.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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