Violences urbaines à Paris : les responsables devant la justice


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Le tribunal de Grande Instance de Bobigny, en Seine Saint-Denis, est le lieu de passage obligé des jeunes délinquants du département. C’est là, depuis quelques jours, que sont déférés en comparution immédiate les jeunes gens accusés d’avoir pris part aux violences urbaines qui secouent Paris et la France depuis treize jours. Non sans tension, comme ce lundi 7 novembre, dans la 17e chambre correctionnelle du tribunal.

Par Cédric Reine

Depuis le jeudi 27 octobre dernier, la France est secouée par une vague de violences, suite à l’électrocution de deux adolescents dans un transformateur EDF, à Clichy Sous Bois. Parmi les nombreux procès programmés ce lundi 7 novembre, au Tribunal de Bobigny, c’est dans la 17e chambre correctionnelle qu’Afrik s’est posté. C’est là que deux jeunes gens accusés d’avoir participé aux violences urbaines ont été déférés en comparution immédiate.

La salle d’audience, grande d’environ 80m², est gardée par trois policiers vêtus d’un pull bleu marine sous lequel on devine un gilet par balle. Les personnes présentes, curieux, proches des convoqués, ou journalistes, forment un ensemble très diversifié. Une certaine nervosité mêlée de désespoir se lis sur quelques visages. D’autres, en revanche, sont souriants, presque joyeux. Sur le côté, les avocats, qu’ils appartiennent à l’accusation ou à la défense, profitent des derniers instants pour se détendre. A l’entrée du procureur, de la juge et des prévenus, un silence de mort envahit la salle. « L’audience est ouverte », annonce la Juge. Celles-ci vont se succéder jusque très tard dans la nuit.

Une ambiance très tendue

On reproche au premier prévenu d’avoir brûlé délibérément une poubelle dans une rue de Pierrefitte, en Seine Saint Denis. La Présidente du tribunal lui demande s’il veut connaître sa peine ce jour même. Après qu’il ait répondu favorablement, on apprend avec stupéfaction que le casier judiciaire n’est pas celui de l’accusé. Le dossier sera révisé ultérieurement. Le deuxième prévenu, âgé de 19 ans, est soupçonné d’avoir jeté des cocktails Molotov sur des policiers. Lui aussi choisit d’être immédiatement fixé sur son sort.

Look street wear pour ce jeune homme menotté. Toutefois, le visage blafard et les cernes sous les yeux trahissent une nuit très courte. Après avoir relaté les faits, la présidente du Tribunal annonce que le prévenu a tout nié en bloc jusqu’à présent. A la question : « Quelle est votre position sur cette affaire aujourd’hui ? », le jeune rétorque : « Toujours la même ». Il complète : « Je marchais dans la cité et des policiers m’ont braqué et mis à terre. Le signalement du jeune homme qu’ils cherchaient correspond certainement à un autre individu». Et son avocate d’ajouter immédiatement : « Le rapport qu’a établi madame la Présidente mentionne un individu de type nord-africain, or ce n’est pas le cas de mon client ». En effet, l’accusé est Noir africain.

« J’étais là par hasard »

Puis viennent quelques détails de la vie du menotté : Le jeune homme suit une formation dans laquelle il lui reste encore quatre mois de travail. On apprend aussi qu’il a des antécédents avec la justice, notamment une condamnation avec sursis. Les réquisitions du procureur qui – jusque là était resté discret – sont simples et concises : « Monsieur S. se présente donc en innocent ». « J’étais là par hasard », a-t-il dit. « Mais nous constatons que certains citoyens veulent se faire justice eux-mêmes, ils sont excédés et impuissants face à ces débordements ; je demande une peine de six mois d’emprisonnement assortie d’un mandat de dépôt », clame-t-ilavec véhémence. Lorsque la parole est donnée à la défense, des chuchotements se font entendre, puis le silence revient très vite. L’avocat de la partie civile relève alors des incohérences notables dans le dossier établi par la Présidente. Elle précise que son client n’est et n’était pas vêtu de la même manière que la personne que les policiers recherchaient cette nuit.

Après une dizaine de minutes d’une attente angoissante, les juges réapparaissent, le visage sombre pour la plupart d’entre eux. Le verdict prononcé par la Juge tombe comme un couperet ; Monsieur S. est reconnu coupable et condamné à 10 mois de prison dont 6 mois de mise à l’épreuve pendant lesquels il pourra poursuivre sa formation professionnelle. Les protestations fusent alors, mais ne proviennent pas de l’accusé. Plusieurs personnes critiquent avec impétuosité la décision du Tribunal. Un homme s’emporte soudainement et invective les policiers, qui tentent de l’exclure de la salle. D’autres personnes suivent son chemin après avoir adressé des reproches aux hommes de loi. En ce lundi 7 novembre, entre les cris, les protestations et les pleurs, l’ambiance était décidément très lourde à la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Bobigny.

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