Le juge d’un tribunal de Melilla, enclave espagnole située dans le nord du Maroc, a ordonné l’ouverture d’une enquête suite à des actes de violence présumés commis sur des migrants subsahariens par des policiers marocains et espagnols.
La police marocaine commet-elle des violences sur les migrants subahariens ? La question fait de nouveau polémique, d’autant plus que des témoignages de migrants subsahariens affirment que oui. Le juge d’un tribunal de Melilla a ordonné l’ouverture d’une enquête sur des actes de violence présumés commis par la police marocaine et, passivement, par la Guardia civil. Le tribunal de première instance et d’instruction a accepté d’ouvrir les procédures préliminaires pour enquêter, rapporte le journal espagnol El Mundo.
Cette enquête fait suite à une plainte déposée le jeudi 7 août par l’association Andalucia Acoge, la Fédération SOS Racisme et Prodein Melilla. Ces organisations se sont basées sur une vidéo dans laquelle on aperçoit « les forces auxiliaires marocaines battant un migrant sur le territoire espagnol et comment la Guardia civil, observant les faits depuis une voiture, n’est pas intervenue pour les arrêter », le 18 juin, selon Europa Press.
Des doutes sur la collaboration du Maroc
Le juge du tribunal de Melilla a envoyé une commission rogatoire aux autorités marocaines. Mais l’association Andalucia Acoge se montre « sceptique quant à la possible collaboration des autorités marocaines dans l’identification des auteurs de ces actes », estime José Luis Rodríguez Candela, coordinateur du cabinet juridique de Andalucia Acoge. L’organisation a demandé au commandement de la Guardia civil d’identifier les agents qui étaient présents ce jour-là et qui ont laissé faire.
Ces présumés faits de violence rappellent la mort d’Alain Toussaint, décédé en août 2013 à l’âge de 40 ans. Alors que ce dernier rendait visite à des amis à Tanger, il a été embarqué lors d’une vague opération qui visait à arrêter des sans-papiers. Alors que les migrants subsahariens pensaient être conduits au commissariat de la ville, le bus aurait pris la direction d’Oujda, au nord-est du royaume, où ils auraient été abandonnés à la frontière algérienne, en plein désert. Pendant le trajet, Alex Toussaint aurait tenté de raisonner les policiers, car ce dernier, qui enseignait à Rabat, était tout à fait en règle pour séjourner sur le territoire. C’est à ce moment-là qu’il aurait été jeté hors du bus par l’un d’entre eux. Il a perdu la vie cinq jours plus tard à l’hôpital Mohammed V de Tanger.